Paris a eu de nombreux historiens. Après Dulaure, après Mercier, M. Maxime Du Camp l’a décrit récemment et en quelque sorte photographié dans une série de tableaux pleins de vigueur et de relief qui retracent, pour les générations à venir, les traits et la physionomie de la ville contemporaine. Plus modeste est l’œuvre qu’ont entreprise MM. Maurice Block et de Pontich dans le livre qu’ils ont consacré à l’administration de la ville de Paris. C’est le recueil méthodique des lois, décrets et règlemens qui concernent le régime administratif ; c’est l’énumération et la statistique des institutions au moyen desquelles sont assurés tous les services de la grande cité. Le dossier de Paris nous est ainsi donné complet, avec une abondante profusion de textes et de chiffres. Il ne faut point cependant s’effrayer de l’apparente aridité des documens officiels ; sous ces textes habilement coordonnés, sous ces chiffres multipliés à dessein, on sent vivre Paris, on découvre les ressorts si variés du mécanisme qui fait mouvoir l’administration parisienne, et l’on peut, en constatant les progrès accomplis, apercevoir les améliorations désirables. Il y a donc intérêt à consulter cette étude, alors surtout que le parlement est à la veille d’examiner des propositions qui tendent à réformer le régime municipal.
Paris ne comptait, au commencement du siècle, que 600,000 habitans. Lors du recensement de 1856, le chiffre s’élevait à 1,174,000 dans les limites de l’ancien mur d’octroi. En 1861, après l’annexion des communes suburbaines, la population, répandue sur un espace presque double, atteignit près de 1,700,000 habitans, et en 1881, date du dernier recensement, 2,240,000. De 1876 à 1881, l’augmentation moyenne annuelle a dépassé le chiffre de 50,000.
L’accroissement de la population suit, à Paris, une progression continue et presque régulière. Cela tient d’abord au mouvement général qui entraîne les habitans des campagnes vers les grandes villes, et particulièrement vers les capitales, puis à l’attraction que Paris exerce non-seulement à l’égard des nationaux, mais encore sur les étrangers. Les inconvéniens, les périls mêmes de ces agglomérations excessives d’habitans sur quelques points privilégiés ont été souvent dénoncés tant sous le rapport de l’hygiène qu’au nom de la morale et de la politique. Il y a là, en effet, une répartition anormale de la population, et l’équilibre des intérêts doit en souffrir, ainsi que la pondération des influences, dont l’harmonie importe à la bonne administration d’un pays. Quoi qu’il en soit, il ne semble pas que l’accroissement de la population de Paris doive se ralentir. Il reste encore, dans les quartiers extrêmes qui avoisinent les