d’exploitation. Avec ce système, qui était analogue à celui qui était pratiqué pour le réseau général des chemins de fer, l’administration trouvait le moyen de répartir les services et les dépenses entre tous les quartiers, de doter les quartiers pauvres à l’aide des excédens de produits obtenus dans les quartiers riches et de créer entre l’ancien Paris et le Paris nouveau une solidarité équitable. Elle pouvait, en même temps, pour prix de ces privilèges, stipuler, soit à titre de redevances, soit comme partage de bénéfices, le paiement de sommes considérables qui venaient accroître le budget des recettes municipales. Le chiffre de ces paiemens, pour les trois compagnies privilégiées des omnibus, des eaux et des gaz, dépasse 30 millions. Peut-être l’administration municipale aurait-elle quelque peine à conserver le produit fiscal qu’elle retire de ces différens services, si elle avait à le défendre directement contre les consommateurs ; elle peut s’abriter derrière les contrats passés avec les compagnies pour repousser les demandes de dégrèvemens qui seraient inopportunes ou déraisonnables, et, tout en encaissant, par l’intermédiaire des compagnies, une recette importante, s’épargner les embarras et l’impopularité qui s’attachent à la perception directe d’un impôt. — Tels sont les principes ou plutôt les intérêts qui ont décidé le gouvernement de l’empire à organiser dans la capitale agrandie et transformée le régime des concessions pour les principaux services d’utilité publique.
Le service des eaux est de la plus haute importance pour le bien-être de la population et pour l’hygiène. En 1807, d’après les documens consultés par MM. Maurice Block et de Pontich, il n’y avait en distribution, à Paris, que 14 litres par tête. En 1856, le chiffre s’élevait à 85 litres. Les dépenses considérables qui ont été faites de 1854 à 1874 pour amener les eaux de la Vanne, de la Dhuys, etc. (environ 100 millions) permettent un débit quotidien de près de 400,000 mètres cubes, en temps normal, dont moitié est affectée au service public et moitié au service privé. Il faudrait un approvisionnement supplémentaire de 150,000 à 200,000 mètres cubes pour fournir la quantité moyenne de 200 litres par jour et par habitant. Sur ce point, la ville de Paris n’a point encore le nécessaire, et il appartient au conseil municipal de le lui procurer, quelle que doive être la dépense. La compagnie des eaux ne peut distribuer que ce que la ville lui donne, elle est intermédiaire pour les abonnemens, elle est intéressée à disposer de la plus grande quantité d’eau. La rareté de la denrée a pour conséquence de maintenir le prix de l’eau à un taux trop élevé. Il y a là pour Paris, comparé avec d’autres capitales, une cause d’infériorité qu’il est urgent de faire disparaître.