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et marchés, pour les garnis, etc., ne sont pas moins actifs. Aucun détail n’est à négliger. La moindre irrégularité dans les mouvemens de cette grande machine qui s’appelle Paris, amènerait tout de suite le désordre et des dommages incalculables. À ce personnel nombreux et dévoué il faut ajouter, non point comme se rattachant à la police proprement dite, mais comme intéressant au plus haut degré la sécurité de la propriété et des habitans, le corps des sapeurs-pompiers, qui forme un régiment de douze compagnies, avec un effectif de 1,700 hommes, dont l’entretien coûte à la ville environ 2 millions de francs.

Si l’on tient compte des difficultés et si l’on établit la comparaison entre Paris et les autres capitales, on peut affirmer que la police parisienne est généralement bien organisée et bien faite, et que la dépense, à laquelle contribue le budget de l’état, n’est point excessive. Depuis quelques années, cependant, les services rendus par cette administration semblent moins appréciés ; l’action de la police, qui devrait toujours être énergique et prompte, risque de s’énerver. Cela tient, en partie, à ce que, par suite de la réduction de la durée du service militaire, le bon recrutement des gardiens de la paix, des gardes républicains et des sapeurs-pompiers, devient de plus en plus difficile. Il ne se rencontre plus, comme autrefois, pour entrer dans ces corps d’élite, un grand nombre d’anciens militaires, chevronnés et médaillés, inspirant et commandant à la population la crainte et le respect. Il en est de même pour la gendarmerie de nos départemens. En outre, par des attaques incessantes dirigées contre la préfecture de police et ses agens, le conseil municipal de Paris semble avoir pris à tâche de déconsidérer la police, de la rendre impopulaire, et, dès lors, impuissante. Ces attaques découragent les honnêtes serviteurs qui ne demandent qu’à faire leur devoir. Tant que durera le conflit d’attributions soulevé par le conseil municipal contre le gouvernement, au sujet de la préfecture de police, les Parisiens seront moins bien gardés. Dans ces conditions, l’augmentation du personnel ne serait ni un remède ni un progrès ; ce qui importe avant tout, c’est d’inspirer à la petite armée qui combat pour l’ordre la confiance en elle-même, c’est-à-dire la confiance dans ses chefs, et de lui rendre un drapeau dont les couleurs ne soient pas indécises. Il ne faut pas que le mal s’aggrave au point de compromettre, et ce serait pour de longues années, l’action nécessaire d’un service aussi considérable.

L’administration de la voirie et des travaux emploie un personnel qui, avec tous ses élémens, n’est pas moins nombreux que celui de la police. Paris s’étend sur une superficie de 7,802 hectares, dont 2,084 sont classés, d’après la statistique municipale de 1882, parmi