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Le chiffre des dépenses de l’Assistance publique à Paris, s’élevait, d’après le budget de 1882, à 34 millions, balancés, en recette, moitié par les revenus propres de l’administration, qui possède des propriétés importantes, moitié par la subvention municipale. Le nombre des individus assistés dans les hôpitaux, dans les hospices, dans les asiles ou à domicile atteint près de 400,000. Par ces deux chiffres, dans lesquels ne sont comprises ni les ressources ni les œuvres de la charité privée, l’on peut juger de l’extension qui a été donnée aux services de l’Assistance ; et pourtant, cette libéralité, qui honore grandement l’administration parisienne, ne répond pas encore à tous les besoins.

Les indigens inscrits au bureau de bienfaisance sont au nombre de 125,000, dont le quart à peine sont des Parisiens. Les indigens nés dans les départemens forment plus de la moitié du chiffre. Les indigens nés à l’étranger y figurent pour près d’un dixième. Paris ne distingue pas entre ceux qui souffrent ; il a, en quelque sorte, la bienfaisance cosmopolite ; il adopte pour la participation aux secours les immigrans qui lui arrivent des départemens ou de l’étranger. C’est une lourde charge que, dans bien des cas, le texte de la législation lui permettrait de ne pas accepter ; mais la misère ne peut pas discuter ni attendre : res sacra miser. Paris paie, et les Parisiens ne réclament pas. — Il en est de même pour la population des hôpitaux et des hospices, qui comptent environ 22,000 lits pour les malades et les infirmes, nombre insuffisant qu’il faudrait augmenter plutôt par la création d’établissemens nouveaux que par l’extension des hôpitaux existans, où, d’après l’avis des médecins, la population est trop agglomérée. L’administration s’occupe également de faciliter les traitemens à domicile, ce qui dégage en partie les salles d’hôpitaux, exige une dépense moindre et convient mieux aux sentimens des familles. Combien d’améliorations utiles sont à étudier et à réaliser dans cette administration si vaste, qui vaut un ministère, le ministère de l’assistance, et qui ne perdrait rien à ambitionner d’être en même temps, selon l’invocation la plus pure de la foi religieuse, le ministère de la charité !

Considérée dans son ensemble, la population parisienne a vu s’accroître, à chaque génération, ses conditions de richesse et de bien-être. En regard de ce progrès incontesté, où en est la misère ? L’effectif des misérables a-t-il augmenté ou diminué ? La statistique ne fournit pas une réponse certaine à cette question. Si le budget de l’assistance est plus élevé, si l’on compte un plus grand nombre d’assistés, cela peut être attribué, non pas à l’extension de la misère, mais à l’organisation plus complète des services, à la distribution plus étendue et plus libérale des secours. Telle est,