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gangrenés et archigangrenés sont assez téméraires pour faire passer le projet de licenciement et de reconstitution de l’armée, citoyens, dressez huit cents potences dans le jardin des Tuileries et accrochez-y tous les traîtres à la patrie, l’infâme Riquetti, comte de Mirabeau, à leur tête, en même temps que vous ferez au milieu du bassin un vaste bûcher pour y rôtir les ministres et leurs suppôts[1]. » — « Si l’ami du peuple pouvait rallier à sa voix deux mille bommes déterminés pour sauver la patrie, il irait arracher le cœur de l’infernal Mottié au milieu de ses nombreux bataillons d’esclaves ; il irait brûler dans son palais le monarque et ses suppôts ; il irait empaler les députés sur leurs sièges et les ensevelir sous les débris embrasés de leur antre[2]. » — Au premier coup de canon sur la frontière, « il est indispensable que le peuple ferme les portes, de toutes les villes et qu’il se défasse sans balancer de tous les prêtres séditieux, des fonctionnaires publics contre-révolutionnaires, des machinateurs connus et de leurs complices. » — « Il est de la sagesse des magistrats du peuple de faire fabriquer incessamment une énorme quantité de couteaux très forts à lames courtes et à deux tranchans bien affîlés pour armer de ces couteaux chaque citoyen bien connu comme ami de la patrie. Or, tout l’art de combattre avec cette arme terrible consiste à se faire un bouclier du bras gauche, enveloppé jusqu’à l’aisselle d’une manche piquée en étoffe quelconque de laine, très rembourrée de chiffons, de bourre et de crin, puis de foncer sur l’ennemi avec le bras droit armé du glaive[3]. » Servons-nous au plus tôt de ces couteaux ; « car quel moyen nous reste-t-il aujourd’hui pour mettre fin aux maux qui nous accablent ? Je le répète, il n’en est aucun autre que les exécutions populaires[4]. » — Voici enfin le trône à bas ; mais « tremblez de vous laisser aller à la voix d’une fausse pitié… Point de quartier ; je vous propose de décimer les membres contre révolutionnaires de la municipalité, des justices de paix, des départemens et de l’assemblée nationale[5]. » Au commencement, un petit nombre de vies aurait suffi. : « il fallait faire tomber cinq cents têtes après la prise de la Bastille ; alors tout aurait été bien. » Mais, par imprévoyance et timidité, on a laissé le mal s’étendre, et, plus il

  1. L’Ami du Peuple, n° 198 (22 août 1790).
  2. Ib., n° 523 et 524 (19 et 25 juillet 1791).
  3. Ib., n° 626 (15 déc. 1791).
  4. Ib., n° 668 (8 juillet 1792). — Cf. n° 649 (6 mai 1792). Il approuve le meurtre du général Dillon par ses soldats et recommande aux troupes d’en faire autant partout.
  5. Ib., n° 677 (10 août 1799). — Voyez aussi les numéros suivans, notamment le n° 680 du 19 août, pour pousser au massacre des prisonniers de l’Abbaye, et le n° du 21 août. « Quant aux officiers, ils méritent d’être écartelés, comme Louis Capet et ses suppôts du Manège. »