production devraient progresser ensemble, la part de l’un augmentant par suite de l’accroissement du revenu de l’autre[1]. Or, on paraît assez d’accord sur ce point que ce revenu ne s’élève guère ; d’aucuns prétendent même qu’il baisse.
Sur le mouvement des salaires, les trois enquêtes ont recueilli moins de renseignemens que la plupart des relevés antérieurs, les deux principales préoccupations du moment étant l’accroissement de la dette foncière et le morcellement progressif des propriétés. Néanmoins des faits intéressans ont été produits. Le secrétaire-général de la Société d’agriculture de la province de Prusse occidentale, M. OEmler, à Danzig, présente le tableau qui suit[2].
Il y a vingt ans | Aujourd’hui | |
---|---|---|
Gages d’un laboureur | 84 à 90 marks | 140 à 160 marks |
— d’un palefrenier | 50 à 60 » | 110 à 130 » |
— d’une servante | 24 à 30 » | 60 à 80 » |
Salaire d’un batteur en grange | 50 » | 65 » |
— d’un moissonneur | 100 » | 150 » |
— d’un ouvrier ordinaire | 120 » | 200 » |
Dans d’autres provinces, nous trouvons des proportions un peu différentes ; souvent, comme dans le Brandebourg, en Saxe et ailleurs, des salaires en nature, comprenant quelquefois un champ que le patron laboure et fume, améliorent sensiblement la situation de l’ouvrier sédentaire. Le journalier, lorsqu’il est nourri, reçoit maintenant, en plus d’un salaire élevé, des alimens substantiels et relativement coûteux.
Malheureusement, s’il est plus exigeant, il n’est nullement devenu plus laborieux. De la Thuringe, par exemple, on écrit : « Beaucoup de journaliers travaillent mal, n’ayant jamais appris leur état ; et ils travaillent à contre-cœur, sans soin, et seulement quand ils ont dépensé les salaires qu’on leur a payés le dimanche précédent. » Un représentant de la province rhénane, M. de Bath, ne pense pas mieux d’une partie de la population de cette contrée. On sait que le pays montagneux et aride qui s’étend entre Trêves, Coblentz et Aix-la-Chapelle, l’Eifel, a beaucoup souffert, il y a un an, d’inondations et d’autres calamités, et qu’on a dû venir au secours des habitans. Parlant d’eux, M. de Bath dit se rappeler qu’il y a vingt et trente ans, les petits cultivateurs de l’Eifel descendaient dans la vallée du Rhin, où la récolte mûrit plus tôt, pour aider à la moisson ; à cette