cabinets de ses intentions et elle ne fait que mettre en pratique ce qu’elle avait proposé à la conférence de Londres ; elle n’avait pas laissé ignorer son opinion sur la nécessité de réformer la loi de liquidation, de suspendre l’amortissement, de diminuer les intérêts de la dette égyptienne. C’est là, en vérité, une théorie diplomatique qui pourrait avoir d’étranges conséquences ; il s’ensuivrait qu’une puissance n’aurait qu’à demander la modification d’un traité pour être par cela même déliée de ses obligations. C’est tout simplement le régime de l’arbitraire et de la force dans les relations des peuples. Encore si le cabinet anglais avait eu tout un système, un ensemble de mesures à proposer pour ramener l’Égypte à l’ordre politique, administratif et financier, c’eût été à demi plausible ! Mais non, ce qu’il a suggéré au docile ministre du khédive n’est qu’un palliatif assez vain, le commencement d’une série d’usurpations par voie subreptice. C’est la violation des garanties diplomatiques érigée en système par une sorte de dérision de la conférence à laquelle on vient de faire un inutile appel. Qu’en est-il résulté ? Les puissances qui ont participé aux stériles délibérations de Londres, qui voient dans tout ce qui se passe en Égypte une affaire européenne, ne pouvaient évidemment laisser passer ce premier acte sans protester. L’Allemagne, l’Autriche, la Russie, aussi bien que la France, ont protesté là où elles le pouvaient, à Alexandrie, par une note identique où elles considèrent le décret sur la suspension de l’amortissement comme « nul et non avenu, » où elles rendent le gouvernement du khédive responsable de tout ce qui pourra survenir. L’Italie elle-même, qui avait paru jusqu’ici favorable au gouvernement anglais, l’Italie vient de joindre sa protestation à celle des autres puissances. L’Angleterre, par le fait, s’est placée dans cette position singulière et toujours hasardeuse où elle est seule contre tout le monde. Elle n’en fera ni plus ni moins, assure-t-on ; elle suivra son chemin sans avoir à craindre que ces protestations qui s’élèvent contre sa politique soient suivies d’actes plus décisifs. C’est possible, c’est même vraisemblable, si l’on veut. L’Angleterre en sera-t-elle plus avancée pour cela ? Aura-t-elle vaincu par une violation de la légalité diplomatique les difficultés qu’elle s’est créées, avec lesquelles elle a plus que jamais à se débattre, et n’aura-t-elle pas un jour ou l’autre à compter avec ces intérêts européens qu’elle offense ou qu’elle méconnait ?
Oui, sans doute, l’Angleterre, qui a jusqu’ici médiocrement conduit les affaires d’Égypte, a eu une mauvaise inspiration ; et ce qu’il y a de plus malheureux, c’est que ce triste incident met entre la France et l’Angleterre un nouveau grief, de nouvelles causes d’irritation que des passions intéressées ou frivoles peuvent trop facilement exploiter. Qu’il y ait en Europe des politiques trouvant leur avantage et mettant leur habileté à séparer les deux pays, cela se peut ; ceux qui cherchent leur