dictoires, entre la paix et la guerre, engageant l’action et craignant de demander les crédits nécessaires, marchandant à nos chefs militaires les renforts dont ils auraient eu besoin pour marcher, pour remplir leur mission jusqu’au bout. — Il faut en finir avec ces tergiversations perpétuelles, il faut agir, dit-on bravement aujourd’hui. Oui, sans doute, il faudrait sortir une bonne fois de ces confusions ; seulement, pour en finir, la première condition est de savoir d’abord ce qu’on veut et de prendre ensuite résolument tous les moyens qu’exige une affaire sérieuse. Le gouvernement et la commission des crédits du Tonkin, composée de ceux qui veulent en finir, savent-ils bien eux-mêmes ce qu’ils se proposent, jusqu’où ils ont l’intention d’aller ? C’est là peut-être ce qui n’est pas encore bien clair. Cette commission des crédits du Tonkin paraît fort occupée, et, comme si elle n’avait pas assez à faire, elle se livre à des discussions bien singulières. La grande question est de savoir si les communicaiions du gouvernement resteront confidentielles ou si elles seront publiées, si on ne livrera pas à la curiosité universelle les déclarations de M. le président du conseil ou de M. le ministre de la guerre, les dépêches diplomatiques, les ordres militaires, les rapports des généraux. Le secret ne fût-il confié qu’à une commission ainsi composée, on peut être tranquille, il sera bien gardé. C’est ainsi que certains républicains entendent l’art de gouverner et de conduire une entreprise lointaine ! Quand on en aura fini avec cette procédure préliminaire, qui paraît avoir été vivement débattue entre le gouvernement et la commission, il restera toujours le point essentiel ; il s’agira de savoir quelle politique on veut suivre, quels moyens d’action on est décidé à mettre à la disposition de nos généraux.
C’est là en définitive toute la question, telle qu’elle est posée dans la commission des crédits, telle qu’elle va se présenter devant les chambres. Tous les subterfuges sont désormais inutiles, il faut prendre un parti. Évidemment si l’on veut restreindre le plus possible cette entreprise engagée depuis plus de deux ans, si, comme on a paru le vouloir à un certain moment, on borne son ambition à occuper quelques points du Tonkin, dans le Delta, ce n’est pas la peine d’engager outre mesure les forces et le drapeau de la France, de surcharger nos finances, de braver pour un médiocre résultat les rivalités, les susceptibilités qui peuvent être un embarras pour notre politique. Si, après avoir commencé cette expédition, on veut aller jusqu’au bout et assurer la domination française jusqu’aux frontières du Tonkin, il n’y a plus qu’une résolution à prendre : il faut demander des crédits suffisans et expédier des troupes nouvelles à notre corps d’opérations. Ce n’est pas seulement une nécessité, c’est ce qu’il y a de plus prévoyant pour la sûreté de nos soldats. Napoléon, qui connaissait l’art militaire peut-être aussi bien que nos députés, écrivait un jour à un de ses