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donnée à l’enseignement du dessin dans les écoles normales et primaires, et que les écoles manuelles d’apprentissage participent plus largement aux subventions de la caisse des écoles. Ces propositions évitent d’engager le budget de l’état. « L’impulsion » pour l’enseignement populaire du dessin ne sera pas dispendieuse si l’on se tient dans la mesure que l’intérêt exige et que le bon sens indique. Il suffira de perfectionner les méthodes en complétant l’organisation des cours de dessin dans les villes et dans les régions industrielles où cette étude est le plus utile. L’enseignement donné par l’état ne doit se composer que des principes généraux, dont l’application est ensuite réservée aux écoles spéciales qui forment les artistes et les ouvriers pour les différentes professions. Ces écoles professionnelles existent en assez grand nombre. L’état pourra sans trop de sacrifices subventionner convenablement les écoles nouvelles que les villes et les groupes corporatifs jugeront à propos de fonder.

Enfin, désireuse d’assurer l’unité de direction et des programmes d’enseignement, la commission a recommandé la constitution d’un conseil supérieur et d’une inspection unique pour toutes les écoles d’art. L’organisation du conseil supérieur sera facile; celle de l’inspection unique le sera moins, parce que, les écoles étant réparties entre le ministère de l’instruction publique et des beaux-arts et le ministère du commerce, le contrôle exercé au nom et pour le compte de deux administrations distinctes risquerait d’être affaibli dans son autorité et dans son action. Quoi qu’il en soit, à défaut du ministère spécial des arts, il est à souhaiter que les deux ministères s’accordent pour donner satisfaction au vœu de la commission d’enquête et de son président.

Les travaux de la commission et le rapport de M. Antonin Proust provoqueront sur d’autres points, notamment sur les méthodes d’enseignement, des réflexions et peut-être une controverse qui profiteront au développement et aux progrès de nos industries artistiques. Il faudrait, pour l’étude de ces questions, qui touchent aux plus hautes théories de l’art, une compétence qui me fait défaut. Je préfère terminer cette analyse par une observation générale qui se rapporte à l’ensemble de notre industrie et qui intéresse particulièrement les industries d’art.

La concurrence est aujourd’hui universelle, c’est-à-dire que, dans tous les pays civilisés, les mérites de la production tendent à se niveler pour satisfaire également aux exigences de la consommation générale et aux besoins du luxe. Dans cette lutte effrénée de la concurrence, la prééminence du savoir, la supériorité du goût, la couronne de l’art ne suffisent plus pour assurer la victoire. Alors