Les propriétaires fonciers et les cultivateurs forment de beaucoup la catégorie la plus étendue. Leur nombre s’est fort accru depuis 1789 avec la petite propriété, laquelle d’ailleurs, ainsi qu’on l’a remarqué bien des fois pour d’autres provinces, ne date pas seulement de cette époque ; elle a seulement reçu un plus grand développement d’abord par la vente des biens nationaux, ensuite par les effets de la loi successorale. En outre, la petite propriété, quoiqu’elle fût assez répandue en Bretagne, y était contenue par un système d’amodiation particulier, le domaine congéable, qui donnait satisfaction au besoin de posséder chez les paysans en assurant à un certain nombre d’entre eux une sorte de copropriété du sol. Nous verrons où en est arrivé ce degré de division des terres, qui multiplie le nombre des détenteurs du sol par un accroissement qui ne s’est pas arrêté depuis cinquante ans, et nous indiquerons le prix des terres et leurs variations, selon l’étendue des domaines dans les diverses régions. Mais on ne doit pas l’oublier : c’est de la condition des populations qu’il s’agit dans cette étude, et la statistique territoriale et agricole ne doit nous occuper que dans la mesure où elle l’intéresse. C’est dans la même mesure que nous dirons à l’occasion quelques mots du théâtre où se déploie l’activité des habitans.
En parlant des populations rurales de la Basse-Bretagne, il faut toujours avoir présente la distinction entre les côtes et l’intérieur des terres, distinction qui n’est pas seulement marquée par le caractère maritime du littoral et par la prédominance de l’industrie de la pêche, mais par une supériorité habituellement considérable de fertilité. Les différences de climat et les circonstances particulières du sol en plus d’un cas créent pour la côte une richesse exceptionnelle de la végétation et une élévation en général plus grande de la valeur des terres, de même qu’on y trouve un mouvement d’idées plus vif et un développement d’affaires beaucoup plus étendu. Le Finistère n’est pas seul à bénéficier de ces avantages, mais ils y sont très sensibles, et ce qu’on en peut dire à ce point de vue s’applique aussi à bien des égards aux deux autres départemens bas-bretons. Le sol et ceux qui le cultivent y profitent de ce climat essentiellement tempéré à qui l’on a donné, en l’étendant même au-delà, le nom de « climat armoricain. » Le froid qui dépasse rarement 8 degrés, la gelée presque inconnue dans les parties qui avoisinent l’océan, les sources d’eau chaude, l’influence du Gulf-Stream, qui se fait sentir sur les parties qui forment la côte, caractérisent le climat de cette région. La culture maraîchère, grâce à des avantages exceptionnels, y fait la fortune de certaines contrées, et la propriété à de nombreux jardins de rapport joint aussi des jardins d’agrément. Les plantes arborescentes et les fleurs