M. le chevalier de Rancé et M. le chevalier de La Pailleterie, capitaines de galère. Les sieurs Jean-Baptiste Chabert, premier constructeur, Louis Chabert et Hubacq, présentèrent leurs mémoires ; le conseil, après les avoir entendus, fixa ainsi qu’il suit les principales proportions des galères : longueur du capion de poupe au capion de proue, — autrement dit, de l’étrave à l’étambot, — 46m, 777 ; largeur, 5m, 847 ; creux, 2m, 328 ; longueur des rames, 12 mètres.
La longueur de toute l’œuvre morte, si l’on y comprend l’éperon et les ornemens de poupe, atteignait ainsi, au XVIIe siècle, sur les galères ordinaires, 55 mètres environ. C’est, à peu de chose près, la longueur d’un ancien vaisseau de soixante-quatorze canons. Les frégates qui ont fait toutes les guerres du premier empire n’étaient longues que de 47 mètres. Mais le rapport de la longueur à la largeur est loin d’être le même dans la marine à voiles et dans la marine à rames : pour largeur, on donne à un vaisseau le quart à peu près de sa longueur ; la galère est au moins cinq fois plus longue que large. La différence sera plus grande encore si l’on considère le creux des deux navires : le vaisseau possède une vaste cale ; la galère ne mesure guère plus de 2 mètres entre le dessous de son pont et le dessus de sa quille. En d’autres termes, l’un est, suivant l’expression consacrée, un vaisseau rond ; l’autre est un vaisseau long. Le premier prend, par suite de l’élévation de sa coque au-dessus de l’eau, le nom générique de bâtiment de haut-bord ; la galère est un bâtiment de bas-bord. Représentons-nous donc la galère du XVIe et du XVIIe siècles comme un navire essentiellement léger d’échantillon, bas de bord, long et effilé, portant un équipage de quatre cents hommes environ, deux mois de vivres et 23 tonneaux de lest, armé d’un canon de 36, de deux canons de 8 et de deux canons de 4, sans compter douze pierriers plantés sur la lisse du plat-bord, un navire mû par cinquante rames et d’un tirant d’eau qui ne dépassera guère 1 mètre.
Argo, « la nef à voix humaine, » devait parier grec. D’origine italienne, la galère moderne garda la langue du pays qui fut son berceau ; si elle eût, comme Argo, été douée de la faculté de se faire entendre, les naves et les galions ne l’auraient pas comprise. La marine à voiles et la marine à rames ont eu de tout temps un vocabulaire distinct ; au XVIe siècle, elles possédaient à peine un terme technique qui leur fût commun. Dans les mers du Ponant, on disait le gouvernail ; dans les mers du Levant, le timon, La barre s’appelait l’ourgeau ; le bâton de pavillon. l’aste de bandière ; l’habitacle, la gigeole ou la custode ; le mât d’artimon, l’arbre de misaine ; le grand mit, l’arbre de mestre ; le mât de misaine, l’arbre de trinquet ; le mât de hune, l’arbre de gabie ; le cabestan, l’argue ; le pont, la couverte ; la poulaine, la serpe ; l’étrave, le capion de