dans leur composition que de l’eau presque pure. Ces anomalies, observées pour la première fois par M. Otto Pettersson, provoquent des phénomènes intéressans dont nous allons dire quelques mots.
Les flots du golfe du Mexique, surchauffés par le soleil, s’écoulent par le canal de Bahama et remontent jusqu’à Terre-Neuve. Vers ces parages, le courant appelé gulf-stream, à cause de son point d’origine, change de direction, se dévie vers la droite, et traversant obliquement l’Atlantique, se ramifie en plusieurs branches, dont la bienfaisante influence attiédit les hivers de l’Irlande, de l’Ecosse, des Feroë, de la Scandinavie, et se fait même sentir jusque vers l’Océan sibérien, à ce qu’on prétend. La mer des Antilles joue le rôle de la chaudière, et les régions polaires représentent le condenseur ; et pour achever cette comparaison, empruntée aux machines à vapeur, le soleil constitue le foyer. Telle est, expliquée peut-être trop brièvement, l’ancienne théorie du gulf-stream, conçue primitivement par Maury, théorie non pas fausse, mais incomplète. On doit, en effet, se demander comment il se peut qu’un courant chaud sans doute, mais médiocrement puissant, après avoir longé les bouches du Mississipi, ait conservé assez d’énergie pour modifier sensiblement le climat d’une zone aussi étendue de l’hémisphère septentrional. En réalité, les choses se passent moins simplement : un double courant froid issu des terres polaires avoisinant le Groenland charrie des glaces anciennes durant la débâcle printanière et pendant l’été ; vers 45° de latitude et non loin de Terre-Neuve, ces blocs flottans arrivent au contact du gulf-stream, dont la direction est sensiblement inverse. Une lutte commence, et naturellement finit toujours à l’avantage des eaux tropicales, encore saturées de calorique ; elles minent à leur base les ice-hergs, les désagrègent et enfin les liquéfient complètement. Les vagues du gulf-stream, quoique victorieuses et largement accrues par les eaux de fusion, sont forcées de quitter leur direction primitive et de s’infléchir vers l’est. Plus loin encore, et au contact des terres de l’extrême Nord, les dernières ramifications du vaste fleuve salé, parvenues au bout de leur course, prennent l’état solide.
Imaginons une masse de glace d’un kilogramme faisant partie d’un ice-drift flottant près de Terre-Neuve, et isolons par la pensée ce fragment, il se fondra sous l’influence de la chaleur apportée des tropiques, empruntant au milieu ambiant 80 calories. L’eau de fusion arrive jusqu’au cap Nord, par exemple, où elle se concrète en dégageant 60 calories environ, qui contribueront à adoucir le froid qui règne en Norvège. Quant à la différence de 20 calories, elle est dépensée en travail nécessaire pour repousser d’Amérique