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LES
LIVRES D'ETRENNES

Aussi nombreux cette année que les précédentes, les livres d’étrennes échappent décidément, par la variété de leur contenu d’ailleurs, autant que par leur nombre, à toute espèce de classification. Sans essayer de les distribuer en catégories b en distinctes, selon le sujet qu’ils traitent, ou le public auquel ils s’adressent, ou la dimension de leur format, ou la couleur de leur reliure, contentons-nous donc de courir de maison en maison et, un peu pêle-mêle, de donner au lecteur une idée des quelque quarante ou cinquante volumes que nous avons là sous les yeux.

Sous le titre de Modes et Usages au temps de Marie-Antoinette, M. de Reiset nous offre, chez Firmin-Didot, deux volumes dont la place est d’avance marquée dans la bibliothèque de tous les curieux. Le texte lui-même, il faut l’avouer, — et si tant est que l’on puisse appeler le Livre-Journal de MM Éloffe un texte, — n’en paraîtra pas d’un très vif intérêt. On abuse aujourd’hui de ce que les livres d’une couturière ou les mémoires d’un carrossier sont censés contenir de révélations historiques. Lorsque nous saurons ce que coûtait, en 1789, l’aune de « frivolité blanche, » ou celle de « comète violette, » en serons-nous beaucoup plus avancés ? Et croit-on véritablement qu’il importe à l’histoire d’apprendre, comme ici, que Marie-Antoinette ne dédaignait pas quelquefois de faire raccommoder ses jupons ? Mais l’intérêt qui manque au texte, l’éditeur de Mme Éloffe a su le mettre dans l’illustration de ces deux volumes d’abord, et surtout dans le précieux commentaire dont il a enrichi cette longue énumération de factures. Dans ces gravures, en effet, fidèlement imitées des gravures elles-mêmes et des journaux du temps, c’est toute une époque disparue qui revit ; et dans ce commentaire, c’est un monde évanoui qui se ranime, sous quelques-uns de