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l’Afrique. L’avenir dira ce qu’il faut penser de ces vastes projets, mais, en attendant, nous devons rendre un juste hommage non-seulement au courage et au dévoûment, de ceux qui n’ont pas reculé devant la tâche, mais encore, avec de bien faibles moyens pour de bien grandes difficultés, à ce qu’ils en ont pu, dès à présent, réaliser.

Puisque nous en sommes au chapitre des voyages, quittons un moment la librairie Hachette et signalons, chez Victor Palmé, les deux volumes de M. Ch.-F. Aubert : le Littoral de la France. Le premier volume, paru l’année dernière, avait décrit la côte de Dunkerque au Mont-Saint-Michel ; le second la décrit du Mont-Saint-Michel à Lorient ; d’autres suivront qui la décriront de Lorient à Bayonne, et de Port-Vendres à Menton. Nous ne pouvons que louer le plan de la publication, l’intérêt du texte, et la variété de l’illustration. Si nous continuons de vivre dans l’ignorance où nous avons longtemps vécu de la géographie de notre propre patrie, nous serons vraiment inexcusables, car, depuis quelques années, les ouvrages abondent, plus ou moins agréables à lire, mais tous honnêtement, consciencieusement faits et habilement illustrés. Celui de M. Ch.-F. Aubert sur le Littoral de la France, autant que l’on en doive juger par ces deux intéressans volumes, ne tiendra pas le dernier rang dans ce catalogue des livres où l’utile, selon la vieille formule, se mêle à l’agréable, et le pittoresque à la vérité.

Ce genre d’ouvrages nous amène aux livres plus particulièrement destinés à la jeunesse. La fort jolie édition de l’Homme à l’oreille cassée, que nous donne la librairie Hachette, est-elle précisément un livre pour la jeunesse ? Le merveilleux du moins ne saurait lui en déplaire, et l’honnête moralité ne l’en pourrait assurément induire à mal. Après cela, quoiqu’il n’y ait pas de comparaison du style de M. About à celui de M. Frédéric Dillaye, ni même d’un livre à l’autre, si l’on préférait néanmoins les Jeux de la Jeunesse à l’Homme à l’oreille cassée, je n’en serais pas autrement étonné. C’est qu’aussi bien le livre de M. Dillaye, sous son titre modeste et dans son cartonnage d’étrennes, est riche de très amusantes et très curieuses recherches. Saviez-vous qu’un général chinois fût l’inventeur du cerf-volant ? et que répondriez-vous si l’on vous demandait d’où nous vient le colin-maillard ? Voilà ce que vous apprendrez dans le livre de M. Dillaye ; — sans compter les règles de la Moquette et la législation du croquet. D’autres livres s’adressent plus directement encore à la jeunesse : Pour la Patrie, par Mme Colomb ; la Famille Gaudry, par M. J. Girardin ; le Jardin suspendu, par Mme de Witt ; Feu et Flamme, par Mme Zénaïde Fleuriot. Nous en aurions volontiers parlé plus longuement, mais ils paraissent toujours trop tard, et manquant du temps qu’il faudrait pour les parcourir, nous n’avons que celui de les énumérer. Ajoutons-y quatre nouveaux volumes de la Bibliothèque des merveilles. Ceux-ci vont,