est allemand ou lithuanien. Les deux élémens se pénètrent et se mêlent. Dans les cercles de Tilsitt, de Heidekrug et de Memel, l’élément lithuanien conserve la prépondérance. Dans les cercles de Labiau, de Niederung et d’Insterburg, l’allemand fait plus de progrès.
Les cantons prussiens où le vieil idiome lithuanien persiste sans mélange sont devenus fort rares, malgré la ténacité des paysans à conserver dans l’usage intime de la famille le langage de leurs ancêtres. Ce sont les communes les plus petites, les localités les plus isolées, où l’ancienne race et la langue héréditaire persistent avec plus de pureté, particulièrement dans le cercle de Memel. En 1861, on ne comptait que 47,800 habitans pour un ensemble de 457 localités, avec moins de deux dixièmes d’Allemands. D’un recensement à l’autre, la population des Allemands augmente, non point cependant à cause d’une moindre fécondité des populations lettones. Chez les unes comme chez les autres, les naissances dépassent le nombre des décès. Mais l’œuvre de la germanisation se continue irrésistible, envahissante, par l’abandon graduel des anciennes mœurs et l’adoption lente de la langue allemande. Aussi voyons-nous se rétrécir et s’émietter le domaine de la langue prussienne-lithuanienne, figuré sur la carte d’Allemagne entre les bouches du Niémen, le cours de la Szeszuwa, affluent du fleuve, venant du territoire russe, et le petit village de Loyen, dans le cercle de Niederung. Pareille à une essence éthérée, l’idiome lithuanien se volatilise et perd sa place naturelle dans l’empire allemand jusqu’au jour où il figurera, en qualité de langue morte, à côté du sanscrit. Dès maintenant, les descendans des Prussiens d’autrefois sont acquis à la nationalité allemande, en attendant que des annexions nouvelles étendent cette nationalité à la Courlande, la Samogitie, la Livonie, provinces russes de la Baltique où les élémens lettiques prédominent encore, mais dont les villes ont reçu des colons allemands en assez grand nombre, surtout dans les classes cultivées et riches. Une agitation allemande assez active est entretenue dans ces provinces, auxquelles des Allemands patriotes ont proposé déjà d’étendre leur protection nationale appliquée à la façon que l’on sait.
Les Lithuaniens, comme tous les Lettons, présentent un type décidément slave. Dans les provinces orientales de la monarchie prussienne, le sang slave entre pour une très large part, beaucoup plus que l’élément finnois, si tant est que celui-ci ait laissé des traces sûres dans la population actuelle de l’Allemagne. Chez les populations à l’est de l’Elbe, on reconnaît beaucoup de faces larges, caractéristiques du type slave, où le contour de la tête, selon le portrait tracé par William Edwards, représente assez bien, vue de