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direction perpendiculaire à celle du courant d’air, et le ballon suivit exactement la diagonale entre les deux vitesses : l’une, la vitesse propre, était de 2m,5 ; l’autre, celle du vent, était égale à 14 ou 15 mètres, la déviation calculée devait être de 15 degrés ; on la trouva sensiblement égale à 12 degrés, ce qui était une vérification suffisante des principes posés.

Après cette expérience, tout le monde voyait que la solution du problème se réduisait à armer la machine de Dupuy de Lôme d’un moteur léger et puissant. Il y avait les machines à vapeur du général Du Temple, qui avaient fini par ne plus peser que 3 kilogrammes par force de cheval, et avec lesquelles le succès eût été assuré, lorsque les frères Tissandier songèrent à un moteur qui, après avoir été l’objet des recherches savantes de » l’ingénieur Froment, était depuis longtemps oublié. Ils le firent construire par la maison Siemens, adoptèrent pour générateur d’électricité des piles réduites au poids le plus faible possible et conservèrent l’hélice, le gouvernail et La forme allongée. Ils réussirent par ce moyen à donner à leur ballon une vitesse propre de 2m, 8, c’est-à-dire suffisante pour le faire mouvoir dans tous les sens au milieu d’un air dont la vitesse eût été inférieure à 2m, 8. Ils firent deux ascensions, le 8 octobre 1883 et le 26 septembre 1884, réussirent à donner au ballon une direction presque contraire à celles du vent, une fois même à marcher contre lui ; il était clair que rien ne manquait à la complète solution qu’une force plus grande du moteur. C’est à ce moment que nous avons appris que les capitaines Renard et Krebs, partis de Meudon le 9 août 1884, après s’être laissé emporter par le vent, avaient rebroussé chemin et qu’ils étaient revenus au point de départ. Il nous reste à dire comment ce résultat avait été obtenu.


IV

Lorsque Giroud de Villette monta pour la première fois en ballon captif, avec Pilatre de Rozier, dans le jardin de Réveillon, il fut frappé de la vue qui se déroulait, et de la netteté du paysage qu’il avait sous les yeux ; il comprit le secours que les ballons captifs pourraient apporter à un général d’armée pour découvrir les mouvemens de l’ennemi. Aussi la convention, sur la proposition de Monge, décida-t-elle la formation de deux compagnies d’aérostiers.

Conté, qui « avait tous les arts dans la main, toutes les sciences dans la tête, » s’occupa, dans un atelier situé à Meudon, de la conduction d’un ballon destiné à la guerre. Comme la poudre était