gouvernemens parlementaires sont exposés à périr quand ils sont attaqués par des factieux ; mais ce qui est vrai de cette forme de gouvernement l’est également de beaucoup d’autres. Il y a des précédens dans tous les sens.
On peut vouloir supprimer le gouvernement parlementaire. Si on veut discuter la question, nous sommes prêts, mais il faut que la discussion soit franche. C’est y arriver par une voie détournée que de supprimer le caractère préalable du budget. Il est évident que le gouvernement parlementaire ne survivrait pas à la suppression du budget préalable. Le pouvoir législatif se confondrait bien vite avec le pouvoir exécutif, et le principe même du gouvernement serait modifié.
On ne peut pas dire qu’il suffirait d’interdire aux ministres l’entrée des chambres, comme aux États-Unis, pour rendre plus facile la solution des questions qui se rattachent au budget préalable, car, si les questions de confiance ne se posent plus dans le système américain, il n’en subsiste pas moins un pouvoir exécutif qui peut entrer en conflit avec la volonté du parlement. Il y a même un grand nombre d’esprits politiques en France qui redouteraient beaucoup plus cette espèce de conflit que les luttes entre des ministres à portefeuille et un parlement, et ceux qui pensent ainsi ne sont pas les moins clairvoyans. Ce n’est pas par la suppression des budgets préalables que les chambres pourront supprimer les conflits avec l’exécutif ; c’est par la suppression de l’exécutif lui-même, c’est-à-dire par le gouvernement direct des chambres. Il est bien évident que, dans le système du gouvernement direct, la chambre s’accordant à elle-même le budget, ce n’est à personne qu’à elle-même qu’elle consent à accorder sa confiance.
Il est donc certain que, si on laisse entamer le principe du caractère préalable qu’on doit donner au budget, on fait les affaires de la convention. Aussi est-ce un terrain sur lequel il faut résister avec persévérance et conviction.
Et pourtant on pourra encore nous répondre, en allant chercher des exemples en Angleterre : Le budget anglais n’est pas préalable, ce qui n’empêche pas le gouvernement anglais d’être un gouvernement parlementaire. Il n’est pas inutile d’aller au-devant de cette objection, car on entend souvent invoquer avec succès l’exemple de l’Angleterre dans nos discussions constitutionnelles, et c’est surtout le parti conservateur républicain qui invoque le plus souvent, pour défendre ses idées, les précédens de l’histoire constitutionnelle de l’Angleterre.
En Angleterre, l’année financière commence le 1er avril. C’est au commencement du mois de février qu’on présente au parlement