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11.68 pour 1,000 pendant la période de 1871 à 1875 et de 13.15 à 13.05 dans l’intervalle de 1876 à 1880. Ainsi, s’il naît plus d’hommes que de femmes, l’émigration et aussi le service militaire en enlèvent davantage. Un fait semblable se manifeste en Autriche, en Angleterre et, à un moindre degré, en France, Tandis que la statistique relève actuellement en

Allemagne 103.9 femmes pour 100 hommes.
Autriche 104.1
Grande-Bretagne 104.3
France 100.9


on constate, au contraire, la présence de

98.9 hommes pour 100 femmes en Italie.
96.5 aux États-Unis.

Nulle part l’augmentation de la population féminine n’est plus frappante qu’à Berlin, surtout quand on remarque que le recensement de 1871 signale un excédent de 8,523 hommes et celui de 1875 un excédent de 4,452 hommes pour cette capitale, en regard d’un excédent de 36,672 femmes lors du dénombrement de 1880. Cette différence ne tient pas à la garnison, qui a été de 20,123 militaires en service actif présens à Berlin en 1880, au lieu de 19,515 en 1875. Si les rapports de la statistique officielle gardent le silence sur les causes de l’augmentation numérique des femmes à Berlin, les archives de la police des mœurs seraient peut-être en état de donner la réponse. A défaut d’autres renseignemens, il suffirait, pour deviner les motifs de la différence, d’une promenade à travers les rues dans la nuit ! On constata d’ailleurs des écarts semblables pour Dresde, Munich, Vienne, New-York et Londres. A Paris, à Rome, à Saint-Pétersbourg, au contraire, la proportion des femmes est inférieure, car tandis que Berlin compte aujourd’hui contre 100 hommes 106.8 femmes, Munich 109.0, Dresde 108.5, Vienne 105.7, New-York 104.5 et Londres 113.7, nous ne voyons à Paris que 88.1 femmes, à Saint-Pétersbourg 80.5 et à Rome 79.8 en regard de 100 hommes. Ses particularités à part, l’écart entre les deux sexes pour les naissances n’est pas grand. Dans aucun pays dont la démographie est connue, il n’arrive à un vingtième du total à l’avantage des garçons ou des filles. Pourquoi l’égalité se maintient-elle dans le nombre des naissances entre les sexes ? La science reste muette à cette question. Un mystère providentiel agit pour la conservation de l’espèce humaine en dérobant à notre volonté la faculté de régler la production des sexes.

Plus haut nous avons exposé le mouvement de la population en