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abondant et le titre rare. Aussi la hausse a-t-elle repris son cours après la liquidation, et déjà nos rentes se tiennent à 0 fr. 30 ou 0 fr. 40 au-dessus des derniers cours de compensation.

Toutefois, si indifférente que se soit montrée la Bourse aux causes de préoccupations politiques, les acheteurs ne peuvent oublier que des élections vont avoir lieu à la fin du mois pour le renouvellement du tiers du sénat ; que des élections générales auront lieu dans quelques mois pour la formation d’une nouvelle chambre des députés ; que le général Campenon a donné sa démission de ministre de la guerre parce qu’il ne voulait pas assumer la responsabilité des proportions nouvelles que prendra prochainement notre entreprise au Tonkin ; que nous envoyons en ce moment dans l’extrême Orient environ quinze mille hommes de renfort, et que, malgré ce déploiement de forces, la Chine parait moins que jamais disposée à céder à nos exigences ; que la nouvelle politique coloniale de l’empire allemand a des allures si impétueuses que des complications internationales en pourraient résulter à bref délai ; enfin que des négociations du caractère le plus délicat sont engagées entre l’Angleterre, la France, et les autres grandes puissances de l’Europe pour le règlement de la situation financière et politique de l’Egypte.

Les haussiers prétendent que ce serait folie de s’occuper de la politique et des événemens extérieurs lorsque la mise en paiement des coupons va diriger sur le marché une véritable invasion de capitaux disponibles. Les remplois de fonds provenant des coupons et des loyers jouent, en effet, un grand rôle dans le mois de janvier ; il est probable que cette année encore, le plus gros contingent se portera sur les obligations, le reste allant aux rentes et à quelques titres privilégiés comme le Crédit foncier, les actions de Chemins de fer, le Gaz.

Le trésor a pris les devans en annonçant le 7 janvier une émission d’obligations à court terme pour un montant de 50 millions environ. Il s’agissait pour le ministre des finances (dûment autorisé par une loi du 29 décembre dernier) de créer les ressources nécessaires pour les dépenses-extraordinaires pendant le premier trimestre de 1885. Les obligations nouvelles, à échéance de septembre 1888, étaient mises en vente à 4 pour 100 au pair. C’était une véritable aubaine pour les capitaux, nos deux rentes 3 pour 100 rapportant sensiblement moins. L’émission ouverte le 12 a été close presque immédiatement, et le marché du comptant à la Bourse est redevenu par suite plus actif. Il y avait là pour le 3 pour 10.0 perpétuel une cause tout à fait éphémère de dépression.

Malgré la persistance de l’affaiblissement des recettes, les actions des Chemins de fer français restent très soutenues ; les coupons détachés le 7 ont été regagnés en partie. On Bail cependant que les