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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 67.djvu/577

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II

Des royaumes de l’Occident passons à l’empire. Constantinople avait remplacé Rome. C’était la capitale du monde. L’empire, qui s’étendait des Alpes à l’Euphrate et du Danube aux déserts de l’Afrique, avait perdu de vastes territoires à l’ouest et au nord, mais il en avait gagné au sud et à l’est. A l’apogée de la puissance de Justinien, l’empire d’Orient comprenait soixante-quatre gouvernemens différens (éparchies) dont un des plus petits était la Sicile. Dans neuf cent trente-cinq villes, on obéissait aux ordres de l’empereur. Alors que tous les peuples barbares vivaient dans un état quasi anarchique, l’empire avait une organisation puissante et compliquée. Tous les services étaient centralisés, tous les fonctionnaires étaient hiérarchisés. Le gouvernement civil, séparé du commandement militaire et comprenant l’administration, la justice et les finances, appartenait aux éparques ou gouverneurs de province, qui relevaient des vicaires ou gouverneurs des diocèses, qui relevaient des deux préfets des prétoires (on dirait aujourd’hui ministres de l’intérieur) résidant à Constantinople. Chacun de ces magistrats avait un nombreux personnel sous ses ordres ; tel gouverneur d’une éparchie d’Orient employait jusqu’à sept cents fonctionnaires et agens subalternes. L’effectif de l’armée comptait six cent quarante mille hommes. Les troupes stationnées dans chaque province étaient sous le commandement direct du duc ou du comte de la province. Ces généraux dépendaient du maître de la milice (ministre de la guerre). Pour les expéditions où il fallait réunir plusieurs corps d’armée, on nommait parmi les ducs et les comtes un stratège (commandant d’armée) et quelquefois un stratélate (général en chef). Outre le préfet des prétoires d’Orient, le préfet des prétoires d’Occident et le maître de la milice, les grands officiers de la couronne étaient le grand chambellan, le maître des offices, qui dirigeait toute la maison impériale, le questeur chargé de la rédaction des lois et décrets, le comte des largesses sacrées, ou ministre des finances, le comte du domaine, chef des agens domaniaux. Ces magistrats formaient, sous la présidence de l’empereur, comme un conseil des ministres. Le préfet de Constantinople, le préfet de police, le patriarche et le commandant des gardes du palais y étaient souvent appelés. Des institutions de la Rome républicaine, il subsistait le sénat et le consulat. Ces différens officiers et magistrats portaient les titres de patrice, illustre, spectabilis, clarissime, perfectissime et egregius. Le titre de nobilissime n’appartenait qu’à l’héritier désigné de la couronne.