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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 67.djvu/646

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et à 5 heures du soir. A l’infirmerie sont attachés encore, outre le médecin-adjoint, deux gardes de section, une religieuse, et le personnel subalterne nécessaire.

L’infirmerie est fort bien tenue à tous les points de vue : les microbes, puisque microbes il y a, ne doivent pas y abonder, tant la propreté et l’aération sont méticuleuses. L’on s’étonne seulement que Gheel ait été si longtemps privé d’un service aussi nécessaire.

L’admission est prescrite, dans les cas précédemment indiqués, par un médecin de la colonie : la sortie n’a lieu que sur l’ordre des médecins en chef, de qui l’infirmerie relève exclusivement, en ce qui concerne le service médical, hygiénique et disciplinaire.

« L’infirmerie, dit M. le docteur Peeters, est un accessoire, mais un accessoire indispensable de la colonie. Lorsque les aliénés placés chez les nourriciers contractent des infirmités, des maladies accidentelles réclamant des soins continus et spéciaux, lorsqu’il survient des paroxysmes violens, dans le cas de refus de manger, de débilité physique, ils sont internés à l’infirmerie par mesure sanitaire, et y reçoivent les soins nécessaires. L’infirmerie devient alors l’hôpital des aliénés. Les malades en arrivant à Gheel sont au préalable mis en observation, et au besoin soumis au traitement médical que leur affection mentale réclame. Sous ce rapport, l’infirmerie peut être considérée comme un lazaret. Lorsque les aliénés se livrent à des actes extravagans, manifestent de la tendance à l’évasion, à l’ébriété, à l’insubordination, ils sont internés à l’infirmerie par mesure d’ordre. L’infirmerie sert alors de maison de correction. »


II

Maintenant que nous connaissons l’organisation générale des services administratif et médical, voyons comment un aliéné entre à Gheel, comment il y est logé, nourri et entretenu, et comment il est soigné.

Qu’il nous soit permis d’abord de citer ici un passage où Esquirol rapporte ce qu’il vit lors de sa visite à Gheel en 1821 : c’est un des rares documens précis que nous ayons sur la condition des aliénés à Gheel, dans le passé, et encore ce passé est-il peu éloigné.

« A notre arrivée nous rendîmes visite à M. le recteur de la paroisse, âgé de soixante-quinze ans. Ce vénérable ecclésiastique fut étonné qu’on attachât tant d’importance à cette antique institution. Il nous assura avec l’accent de la conviction qu’il avait vu plusieurs aliénés guéris par l’intercession de la sainte. Les guérisons, ajouta-t-il, sont plus rares chaque jour depuis que la foi s’éteint et que la religion s’exile de la terre. Quoique tous les jours l’influence miraculeuse de la sainte s’affaiblisse, quoique le nombre