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a Cette, serait de 200 kilomètres environ, non compris la prise supérieure et le prolongement entre Gigean et l’Hérault. Il serait téméraire de vouloir, sans études préalables, se rendre compte, même approximativement, des dépenses d’un semblable projet. Ce qu’on peut affirmer, c’est que, sauf quelques tranchées d’une assez grande importance, dont la plus profonde serait celle de Domazan, qui n’aurait pas plus de 3 kilomètres de longueur, ce projet ne présenterait aucune difficulté sérieuse. On peut même dire que, toutes proportions gardées, il serait d’une exécution relativement beaucoup plus facile que ne peut l’être en général une entreprise de cette nature. On remarquera en effet que, sur presque tout son parcours, le tracé du canal se trouve fort éloigné du Rhône, à l’abri de tout danger pouvant provenir des crues.

S’il fallait absolument formuler un chiffre de dépenses, je crois qu’on pourrait avancer celui de 400 millions comme représentant un maximum qui ne sera pas certainement dépassé.

C’est une grosse somme, sans doute ; mais on remarquera que, du jour où les ressources mises à la portée de l’agriculture et de l’industrie auront été utilisées par elles, on pourra compter sur un produit direct d’une vingtaine de millions.


Irrigation ou submersion de 40,000 hectares de prairies ou de vignes à 50 francs 2.000.000 «
Irrigation spéciale de 400,000 hectares de vignes à 25 francs 10.000.000 «
25,000 chevaux de force motrice industrielle à 250 francs l’un 6.250.000 «
Eaux de luxe et d’agrément, produits divers 1.750.000 «
Total 20.000.000 «

Je ne parle que pour mémoire de la taxe de navigation, que l’état serait, en bonne règle, fondé à réclamer. Ainsi réduits, les revenus directs du canal n’en seraient pas moins un jour probablement assez élevés pour couvrir à peu près les frais d’intérêt du capital et de l’entretien annuel, ce que nulle autre entreprise d’irrigation ne saurait jamais réaliser à beaucoup près. Quant aux revenus indirects, à la plus-value agricole, industrielle et commerciale que l’on aurait créés, ils seraient incalculables.

Au point w vue agricole, les trois départemens les plus secs, les plus arides de France, approvisionnés d’eaux courantes ruisselant à toute hauteur, sur les coteaux aussi bien que dans les plaines, pouvant hardiment lutter contre le phylloxéra aussi bien que contre les excès de la sécheresse, rétablissant rapidement leur vignoble détruit, arriveraient non-seulement à lui rendre son ancienne production de 20 millions d’hectolitres, mais à la doubler peut-être. Les