étrangers. Avant peu, on discutera la nouvelle loi militaire, à laquelle M. le ministre de la guerre a uni par se soumettre en acceptant les idées de la commission, faute de pouvoir faire accepter ses propres idées. On aura certainement aussi une discussion sur le scrutin de liste, dont l’adoption vraisemblable sera le préliminaire des élections prochaines. Les interpellations, les incidens imprévus serviront d’intermèdes. Le programme est assez complet, — sans parler du budget, qui n’est pas encore définitivement voté, et des crédits extraordinaires qui pourront être demandés. Malheureusement, dans ces débats qui se succèdent, c’est toujours le même esprit qui règne. Les partis bataillent pour leurs intérêts, pour leurs passions, pour leurs préjugés, sans s’inquiéter des conséquences de leurs votes. Le gouvernement n’a une opinion que lorsqu’il se croit suffisamment appuyé ; pour le reste, il laisse tout passer, et la politique de la France devient ce qu’elle peut : elle va inévitablement à travers bien des hasards !
A quoi tiennent, en réalité, ces complications qui ont successivement aggravé nos affaires du Tonkin ? Elles n’ont évidemment d’autre origine qu’un seul fait : c’est que le gouvernement n’a jamais su exactement ce qu’il voulait poursuivre dans ces contrées de l’extrême Orient, ou, s’il l’a su, il n’a jamais osé avouer devant les chambres des idées précises, un système, une politique. Il a suivi les événemens, comme l’a dit un jour assez naïvement M. le président du conseil, et il a eu assez souvent la mauvaise fortune d’arriver trop tard. Il a toujours été arrêté par la crainte de voir la majorité républicaine se disperser ou disparaître s’il lui demandait des forces militaires et des crédits proportionnés à une entreprise sérieuse. Il a préféré procéder par une série de subterfuges, laissant les événemens courir au loin et se faisant, au besoin, décerner des votes de confiance sur des faits accomplis, demandant de l’argent qui était déjà dépensé et envoyant par détachemens successifs des renforts toujours insuffisans. Il ne s’est pas aperçu qu’agir ainsi, c’était tout compromettre et risquer de dépenser beaucoup plus d’argent que n’en eût exigé une politique franchement avouée dès l’origine ; c’était perdre du temps et des hommes sans profit, laisser à la Chine le temps de s’armer et s’exposer à se réveiller un jour en face d’une véritable guerre avec le Céleste-Empire. Le résultat est qu’au moment où nous sommes, la France se trouve plus que jamais engagée dans une entreprise dont elle ne connaît pas même les conditions, dont elle ne peut prévoir ni les proportions ni l’issue. Où en est-on, en effet, maintenant, après tant de tergiversations et d’inconséquences ? Quels projets se dispose-t-ou à exécuter ? A-t-on toujours le dessein d’opérer à la fois au Tonkin, sur la frontière de Chine, et sur l’île de Formose ?
Au Tonkin, l’intention d’activer les opérations est évidente, puisque M. le général Brière de l’Isle, reprenant sa marche, surmontant tous les