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longtemps avant de disparaître et non sans avoir été associée partiellement aux représentans les plus hâtifs du nouvel ordre de choses.

Il semble que l’atmosphère ait perdu tout d’abord de sa densité et de son étendue, qu’elle soit devenue plus perméable à la clarté solaire, avant même que l’égalité de la température eût cessé d’être universelle et qu’un certain abaissement calorique se fût manifesté vers les pôles. Aucun indice sérieux d’un refroidissement, même relatif, des régions arctiques ne se découvre dans la flore du Jura, et pourtant, à l’époque jurassique, le renouvellement avait été aussi absolu que général, et la substitution des conifères et des cycadées aux types carbonifères antérieurs accuse une des révolutions les plus complètes dont le règne végétal ait jamais offert le spectacle. Cette révolution, ce n’est pas assurément à une dépression de la chaleur dans l’extrême Nord qu’il faut en demander la cause, mais plutôt à une notable diminution de la quantité de vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère. Celle-ci se trouve ramenée d’un état de tension et de saturation presque constantes à des conditions de moindre épaisseur et de transparence relative qu’elle n’avait pas encore présentées. Les aptitudes, bien définies, résultant de l’énorme développement des parties vertes, lâches et molles ou charnues, des végétaux houillers, mises en regard des exigences très différentes des cycadées, des conifères et de la plupart des plantes secondaires, constituées en vue d’un climat moins chaud et d’un ciel plus serein, sont de nature à appuyer ces conclusions, et les données géognostiques tirées de l’examen consciencieux des strates du trias[1], époque durant laquelle la nouvelle végétation remplace des houilles définitivement éliminées, viennent les confirmer. Un géologue des plus consciencieux, M. d’Archiac, faisait ressortir, il y a des années, le caractère ambigu, la nature détritique, des assises du trias. Il montrait les accumulations de sables, d’argiles, de marnes, alternant entre eux, charriés de toutes parts par des courans tumultueux, remplissant des bassins qu’on ne saurait dire ni réellement marins, ni pleinement d’eau douce. Il semble que des masses d’eaux courantes aient sillonné, à cette époque, la surface des continens, tandis que certaines mers, situées à l’écart, donnaient lieu, en se desséchant, à des amas de sel, de gypse ou de dolomie. N’est-on pas porté à attribuer de tels accidens et de pareils contrastes à une lutte des élémens mal équilibrés, à ces alternatives et à ces extrêmes

  1. Le trias répond à la période qui succède à celle des houilles, dont elle n’est séparée que par le permien, et qui précède immédiatement la période jurassique, qu’elle touche par l’infralias.