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personnage de Menko. Mlle Magnier, M. Landrol, M. Saint-Germain, tirent bon parti des figures accessoires de la marquise Dinati, de Varhely, et de Vogotzine, l’oncle de Marsa. Mlle Malvau ne paraît que dans le prologue : elle est charmante sous l’uniforme noir du jeune Menko.

Saluons toute cette troupe, et demandons à M. Claretie de lui confier, dans la prochaine saison, un ouvrage qui se suffise à lui-même. Sans le secours du livre, cette pièce est obscure et pénible : Marsa n’est pas une drôlesse, on le sent bien, et pourtant elle agit comme telle ; Menko parait un maniaque ou un plat coquin, et Zilah un amoureux vraiment trop court d’esprit. D’autre part, tous les trois, jusqu’à la crise centrale du drame, ne sont guère plus variés que des automates ; Zilah ne sait que dire : « Je vous aime ; » Menko : « Je vous veux ; » et Marsa ne sait que se taire ; — et, aussitôt après cette crise, le drame est fini. Nous glissons sous chaque scène le commentaire du roman ; à la bonne heure ! Mais M. Claretie serait imprudent de toujours compter sur cette complaisance.

Si bon romancier qu’il soit, nous le prions de ne pas se résigner trop facilement à certaines conclusions de la préface d’Henriette Maréchal : « Que valent nos bonshommes à nous tous, s’écrie M. de Goncourt, sans les développemens psychologiques et, au théâtre, il n’y en a pas et il ne peut pas y en avoir ! » De la psychologie développée, non sans doute, il n’en faut pas sur les planches ; mais de la psychologie animée, nous en voyons, sans aller bien loin, dans le drame qui suit cette préface ; nous en réclamons du conteur qui a imaginé le Prince Zilah.


Louis GANDERAX.