sérieusement les affaires de la France, qui ne sont pas dans les conditions les plus favorables, on est occupé depuis quelques jours, dans la chambre des députés, à batailler sur le budget, qui n’est pas encore voté, à disputer au sénat ses droits et ses prérogatives, à jouer avec les conflits sans ménagement pour le pays ; on passe son temps à supprimer au Palais-Bourbon des crédits rétablis au Luxembourg. C’est là le grand débat ! Naturellement il s’agit surtout des services des cultes, qui ont toujours le privilège de troubler l’esprit des radicaux du Palais-Bourbon et de la majorité, qui n’ose leur résister. La chambre, dans une première délibération, a supprimé sans plus de façon un certain nombre de crédits affectés de tout temps à des institutions ou à des services légalement consacrés, aux facultés de théologie catholique, au chapitre de Saint-Denis, aux chanoines diocésains, aux séminaires, au traitement de M. l’archevêque de Paris et même des évêques de l’Algérie ; par la même occasion, la chambre a supprimé tout simplement aussi, dans un autre ordre, le bataillon de gendarmerie mobile affecté au service du Luxembourg. Le sénat, qui ne peut plus pourtant être suspect, puisqu’il compte une immense majorité républicaine, a cru devoir rétablir le plus grand nombre de ces crédits, ceux qui sont affectés aux services des cultes aussi bien que celui qui a été voté jusqu’ici pour le bataillon de gendarmerie mobile. Aujourd’hui, la chambre, plus que jamais acharnée à son œuvre de destruction, supprime de nouveau impitoyablement tout ce qui a été rétabli au Luxembourg, et les théoriciens du Palais-Bourbon ne s’en tiennent pas là, ils vont jusqu’à contester au sénat le droit de modifier le budget. Les uns veulent bien reconnaître au sénat un certain pouvoir de contrôle, mais un pouvoir tout platonique, sans conséquence ; les autres ne refusent pas tout à fait à l’assemblée du Luxembourg le droit de donner son opinion sur les finances par un premier vote, mais à la condition que le budget revu par la chambre dans une seconde délibération devienne définitif et puisse être promulgué, même sans l’assentiment du sénat. On n’a que le choix des théories puériles ou révolutionnaires. Sur quoi se fonde-t-on cependant ? Il n’y a qu’une loi qui règle le partage entre les pouvoirs publics : c’est la constitution même, et la constitution, en attribuant à la chambre la priorité dans le vote des taxes et des dépenses publiques, maintient dans leur intégrité et dans toute leur force les prérogatives de l’autre assemblée. Si le sénat n’a pas le droit d’examiner sérieusement le budget, de le modifier même, pour sauvegarder un intérêt public, à quoi sert-il ? Il n’est qu’un rouage embarrassant, une complication inutile, — et c’est bien là, au fond, l’opinion de ceux qui veulent le réduire à disparaître ou à n’être plus qu’une sorte de conseil consultatif.
La chambre, issue du suffrage universel a seule, selon eux, les pou-