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les torpilles mouillées. Le capitaine de vaisseau ou le capitaine de frégate, directeur des mouvemens du port, la commande, et elle comprend, en outre : un capitaine de frégate, commandant en second, plusieurs lieutenans de vaisseau torpilleurs, et des adjudans, sous-officiers et marins du corps des marins-vétérans. Ce corps est organisé militairement, avec un cadre de maîtres, seconds maîtres, quartiers maîtres, tout comme les marins de la flotte. Les hommes qui le composent sont d’anciens marins ayant terminé leur service, qu’on reçoit suivant qu’ils ont de bons certificats ou de bons protecteurs. Les marins originaires du port de guerre ou des environs tâchent généralement d’entrer, après avoir accompli leur temps de service, dans le corps des marins-vétérans. Ils trouvent là ce qu’on appelle en marine « un bon fromage, » c’est-à-dire une solde assurée et peu de besogne ; ils se marient ou mènent la vie du marin célibataire, ont de l’avancement, des appointemens qui leur suffisent, et des droits à la retraite tout aussi élevés que s’ils restaient dans la marine active. Une partie d’entre eux seulement est spécialement dressée pour le service de la défense fixe ; car le capitaine de vaisseau ou de frégate, directeur des mouvemens du port, aussi bien que de la défense fixe, a dans ses attributions : le mouvement des bateaux dans le port, l’amarrage en rade sur les coffres ou aux appontemens, le balayage de l’arsenal, etc., et il emploie naturellement à ces besognes peu militaires le gros de son personnel. Les marins-vétérans ont une valeur plus que médiocre. Ils vivent à terre, dans leur famille, et ne vont à l’arsenal que pendant le jour, aux heures des ouvriers, lis sont plutôt eux-mêmes des ouvriers que des marins ; ils ont l’esprit, les manières de voir, les habitudes de ceux des ports, et tous les vices que donne une vie généralement oisive, car ils ont encore moins à faire que les ouvriers, ce qui est beaucoup dire. Les plus méritans d’entre eux semblent être, en fait, sous le titre de patrons de canots, les premiers domestiques des hauts dignitaires qui fourmillent dans nos ports. On ne déplace pas tous les jours des bateaux ; on n’exécute pas tous les jours des exercices de défense fixe. Néanmoins, l’institution est bonne en elle-même, et, comme elle ne date que de quelques années, il serait facile de la régénérer. Si l’on se décide enfin à supprimer l’inscription maritime, qui n’a plus de raison d’être dans la marine moderne, à notre époque de service obligatoire pour tous, et qui n’est qu’une source d’abus administratifs, il faudra établir en principe que tout Français ayant fait son service dans la marine entrera dans la réserve de la marine et sera appelé, en temps de guerre, à concourir à la défense des côtes. Le corps des marins-vétérans pourrait fournir des cadres pour ces réservistes. Sous une direction plus énergique, on le tiendrait en