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directeur du matériel, l’excusera toujours de ne s’être pas occupé de détails indignes de lui. Créer la responsabilité serait donc un grand point. Ayons des ateliers autonomes, des ingénieurs spéciaux, une inspection générale, tous responsables en ce qui les concerne, et bientôt nous n’aurons rien à envier aux puissances étrangères, qui nous ont en ce moment si fort distancés.


IV

Lorsque les directions des torpilles seront organisées, lorsqu’on donnera aux combattans des armes étudiées avec tout le soin possible par des hommes qui feront de cette étude un métier, on n’aura plus à craindre d’avoir, comme aujourd’hui, un matériel qui serait insuffisant pour l’armement de nos navires et de nos embarcations, et dont une bonne partie est sans valeur. Mais ce n’est pas tout que de créer et de perfectionner les engins, il faut former les hommes. Nous nous demandons parfois avec terreur ce qui arriverait si une guerre maritime venait nous surprendre en ce moment. Où trouverait-on des officiers pour commander les soixante-dix torpilleurs qui sont censés disponibles ? Prendrait-on des officiers n’ayant jamais commandé ces navires ? Les confierait-on à des officiers qui n’ont aucune des connaissances indispensables à un pareil service ? Et ces officiers supérieurs, en vertu de quel titre les désignerait-on pour commander les escadrilles de torpilleurs ? Suffirait-il au ministre de frapper la terre du pied pour faire surgir du néant des hommes capables de diriger des mouvemens auxquels ils n’ont jamais songé ? Comment recruterait-on le personnel de mécaniciens nécessaire à la conduite de toutes ces machines à haute pression ? Ce personnel pourrait-il être formé en quelques jours ? Pourrait-on retrouver les quelques personnes qui ont déjà servi à bord des torpilleurs ? A-t-on pris pour cela une précaution quelconque ?

On a créé une spécialité de marins-torpilleurs, comme il existait déjà des spécialités de canonniers, fusiliers, timoniers, etc. Cette spécialité se compose de matelots qu’on envoie à l’école des défenses sous-marines et qui en sortent, après examen, avec un brevet les rendant aptes à manœuvrer des torpilles mouillées et des torpilles portées, ainsi que les appareils photo-électriques dont on se 9ert à bord et à terre. Mais, pour le service des torpilles automobiles, qui sont des mécanismes très compliqués, il faut des mécaniciens spéciaux ayant fait leur apprentissage à bord du Japon, bâtiment-école des torpilles automobiles. Le ministère de la marine