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de date récente, les plus anciennes mêmes n’ont pas été créées à la même époque, la comparaison des périodes entre elles ne pourrait donc fournir des chiffres concordans ; le total seul montre les progrès généraux obtenus. De l’origine jusqu’au 1er janvier 1860, les opérations faites par les compagnies dont il s’agit s’élevaient à 38,258 contrats assurant en capitaux 334 millions de francs et à 26,700 contrats assurant 17 millions 1/2 de rentes viagères; mais d’année en année les chiffres se sont accrus et, au 1er janvier 1870, ils accusaient depuis l’origine 156,000 contrats pour 1,516 millions de capitaux et 56,000 contrats pour 36 millions 1/2 de rentes viagères. Il restait en vigueur au 31 décembre 1869 92,000 contrats assurant 919 millions de capitaux et près de 27,000 contrats assurant 18 millions de rente viagère.

La progression avait été grande d’année en année ; pour l’année 1869 seule, elle dépassait 200 millions. Elle avait supporté, tout en s’accentuant davantage chaque année, 6,800 sinistres donnant lieu au paiement de 58 millions de francs; en 1869 seulement 8 millions 1/2 avaient été payés : dans le cours de cette année, on put constater le décès de 1,300 rentiers viagers et l’extinction de près de 1 million de rentes. Dix ans plus tard, c’est-à-dire en 1880, d’après les statistiques faites dans des conditions semblables, on a compté depuis l’origine 391,000 contrats de capitaux assurés pour 3 milliards 830 millions et 88,000 contrats pour 60 millions de rentes viagères. Sur les capitaux assurés, il en restait en cours près de 2 milliards; les rentes viagères à solder montaient encore à 26 millions. Enfin, à la date du 15 juillet 1884, le Moniteur des Assurances donne le tableau récapitulatif suivant: opérations en cours en 1882, 2 milliards 760 millions, et, en 1883, 2 milliards 969 millions de capitaux assurés, soit 208 millions d’augmentation en un seul exercice : comme il y avait eu 310 millions de contrats éteints[1], la production nouvelle dépassait 518 millions, dont 500

  1. Il importe de faire une distinction dans ce que l’on appelle les contrats éteints : il y en a que l’événement prévu fait cesser, il y en a d’autres qui cessent par la volonté même de l’assuré. L’ouvrage que nous citons spécialement renferme à cet égard des lignes bonnes à méditer : « ce qui manque aux assurés, c’est la persévérance. Lorsqu’on a bien compris les principes et la morale de l’assurance sur la vie, il est rare qu’on ne devienne pas assuré. Mais si l’on est quelquefois long à se décider à bien faire, les défaillances se produisent facilement, on cède volontiers aux influences de toute sorte qui vous empêchent de persévérer... » Si à ces considérations on ajoute la complicité des compagnies elles-mêmes, on s’étonnera moins des nombreuses réalisations si nuisibles à tous les intérêts; et quand nous parlons de complicité, nous ne disons rien que les compagnies ne sachent parfaitement elles-mêmes, car elles sont aussi bien que nous convaincues que c’est à l’exagération des commissions que sont dus la plupart des abandons de contrats. L’assuré auquel on accorde une remise de 50 à 60 pour 100 de sa prime de première année a un intérêt évident à ne pas continuer sa police puisque les avantages qui lui sont faits se renouvelleront chaque fois qu’il s’adressera à une autre compagnie (Moniteur des assurances, 15 juillet 1884.