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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 69.djvu/647

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propriétés, ainsi que des produits de leurs cures. Les supérieurs (guardiané) des cloîtres sont en même temps curés de la localité où ils résident. Ils sont, au point de vue administratif, comme au point de vue personnel, les chefs des autres curés dépendant de la communauté. Ils administrent le patrimoine des couvens, dans lequel on range aussi les revenus attribués aux diverses cures. Les curés disséminés dans les localités rurales vivent de leurs honoraires (stola), des présens des fidèles et des produits des terres attachées à la cure. Mais, en ce qui concerne ce dernier point, ils doivent verser une certaine redevance au couvent, qui est le véritable propriétaire. Les curés, appartenant tous à l’ordre de Saint-François et dépendant des couvens situés dans le pays, étaient soumis tous les trois ans à la réélection. Le chapitre de l’ordre leur donnait des successeurs ou les maintenait en fonctions avec l’approbation de l’évêque (vicaire général). Celui-ci avait le droit de refuser deux fois son approbation au choix du chapitre ; mais la troisième fois il devait l’approuver. Les curés non maintenus en fonctions rentraient au couvent. Au surplus, le chapitre de l’ordre était, lui aussi, soumis tous les trois ans à la réélection. Le chapitre provincial comprend en Bosnie : le provincial proprement dit, un gardien et quatre définiteurs. En Herzégovine, il comprend le gardien provincial et quatre discreti, fonction équivalant à celle des définiteurs. Le provincial est élu par les définiteurs réunis en conseil capitulaire ; l’évêque n’a que voix consultative.

Les vicaires apostoliques, qui étaient en même temps d’habitude évêques in partibus, n’avaient ni synode ni consistoire ; ils avaient une curie, composée du vicaire-général et des vicaires délégués. Ils possédaient très peu de propriétés foncières. Leurs revenus ordinaires consistaient dans les taxes prélevées pour accorder les dispenses, ou dans le produit de collectes qu’ils touchaient surtout à l’époque des confirmations. En outre, ils recevaient des subventions du dehors, notamment de l’Autriche et de la France. Il y avait ainsi une double direction hiérarchique. Les curés franciscains, soumis, par rapport au temporel, au provincial de l’ordre, dépendaient, au point de vue spirituel, du vicaire apostolique. Ce dualisme suffisait déjà, à lui seul, pour amener de nombreux conflits de compétence entre les deux autorités : il en fit même naître plusieurs fois entre l’ordre des franciscains et la curie romaine. Ce fut précisément un conflit de ce genre qui motiva, en 1847, la séparation entre l’Herzégovine et le diocèse de Bosnie. Sans doute, en tout ce qui touche au dogme, les franciscains n’ont jamais tenté de se séparer de l’église de Rome ; mais ils furent parfois un sujet de grands ennuis pour le saint-siège. Souvent, en