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aboutirent en juillet 1881, et leur résultat fut enregistré dans une bulle dont voici les points principaux : 1° la Bosnie et l’Herzégovine seront constituées comme une nouvelle province ecclésiastique indépendante ; 2° les vicariats pontificaux de Bosnie et Herzégovine seront supprimés et la nouvelle province recevra une hiérarchie épiscopale régulière ; 3° elle sera divisée en quatre diocèses, à savoir : le diocèse de Serajewo avec un archevêque exerçant les fonctions de métropolitain sur tous les autres évêques de Bosnie et Herzégovine et possédant dans son ressort 66 paroisses ; le diocèse de Banjaluka avec 21 paroisses ; les diocèses de Mostar et de Trebinje avec 7 paroisses ; 4° un grand chapitre sera établi simultanément dans le diocèse métropolitain et plus tard dans les autres ; 5° dans l’espoir du concours financier du gouvernement, la création d’un séminaire pour le perfectionnement des clercs sera ordonné à Serajewo. Les privilèges, droits et coutumes de l’église de Bosnie et d’Herzégovine seront abrogés et annulés pour toujours par le pape autant qu’ils pourraient être contraires à la nouvelle organisation.

D’autres stipulations, également importantes, étaient arrêtées entre le gouvernement austro-hongrois et la cour pontificale : 1° à Banjaluka, au lieu du suffragant, on installait provisoirement un administrateur revêtu du caractère épiscopal ; 2° le diocèse de Trebinje restait jusqu’à nouvel ordre sous la juridiction de l’évêque de Raguse ; 3° le clergé séculier élevé dans le nouveau séminaire était chargé des devoirs épiscopaux en collaboration avec le clergé régulier, pour lequel il devait avoir les plus grands égards ; 4° la majesté impériale, royale et apostolique recevait du pape le droit de nommer l’archevêque et les évêques de Bosnie et Herzégovine dans la même forme que ceux de la monarchie ; elle recevait également la nomination des chanoines, sauf du premier de tous, l’archidiacre du chapitre cathédral. Il semble tout d’abord que cette convention soit en contradiction avec la bulle pontificale ; celle-ci, en effet, avait pour but de supprimer les privilèges et coutumes de l’église de Bosnie, c’est-à-dire en réalité les privilèges et coutumes de l’ordre des franciscains, et d’introduire une hiérarchie épiscopale régulière, conformément aux désirs de la congrégation de la propagation de la foi, tandis que la convention établit que le clergé séculier devra collaborer avec le clergé régulier, c’est-à-dire avec les franciscains, pour lesquels on lui ordonne d’avoir les plus grands égards. C’est une concession faite par la cour pontificale à la politique du gouvernement austro-hongrois, qui avait, nous l’avons dit, le plus grand intérêt à ménager des religieux populaires et influens. Ce n’est pas la première