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armée les mêmes proportions que par le passé ; on regarda comme également indispensable de modifier notablement le rapport des troupes européennes aux troupes indigènes : il fut décidé que celles-ci ne formeraient plus que les deux tiers au lieu des neuf dixièmes de la force totale.

Les cadres de l’armée de l’Inde furent donc fixés à 190,000 hommes, dont 125,000 indigènes et 65,000 Européens. Mais ce dernier chiffre a été rarement atteint. En 1883, les forces européennes se décomposaient ainsi : infanterie, 45,760 hommes ; cavalerie, 4,311 ; artillerie, 11,339 ; génie, 284 officiers ; les soldats de cette arme se recrutent dans l’Inde même. Il y avait, en outre, 1,600 officiers répartis entre les régimens indigènes, à raison de sept par régiment de cavalerie et de huit et quelquefois neuf par régiment d’infanterie. On remarquera la forte proportion des troupes d’artillerie : la raison en a été donnée plus haut. Cette artillerie est divisée en 80 batteries, tant de place que de siège et de campagne. En ajoutant aux 15 batteries montées et aux 45 batteries non montées un certain nombre de pièces de gros calibre qu’on ferait traîner par des éléphans, on arriverait à mettre en ligne 400 canons, soit le dixième de l’artillerie des princes indiens. L’armée indigène se compose de 102,618 hommes d’infanterie, de 18,000 sowars ou cavaliers, dont les deux tiers sont propriétaires de leur cheval et payés en conséquence, de 3,000 sapeurs et mineurs sous les ordres des officiers du génie. L’artillerie indigène se réduit à 40 pièces de montagne, des calibres les plus divers, réparties entre quelques corps spéciaux sur les frontières du Pendjab ou du Scinde. Cette armée, dont l’entretien ne coûte pas moins de 400 millions de francs au budget indien, est fort inégalement répartie entre les trois provinces. La présidence du Bengale, qui embrasse les plus puissans des états autonomes et qui comprend le Pendjab et a, par conséquent, la charge de surveiller les frontières les plus exposées, absorbe à peu près la moitié de l’effectif total : 6,000 hommes d’artillerie et 40 batteries, 30,000 hommes d’infanterie européenne et 44,000 d’infanterie indigène, 11,000 cavaliers indigènes et 3,000 cavaliers européens. Le surplus est partagé à peu près également entre la province de Bombay et la province de Madras, et se trouve conséquemment disséminé sur un immense territoire. Il semble donc que cette armée soit bien faible pour maintenir dans l’ordre et surtout pour défendre un aussi vaste empire ; et cependant elle laisse à désirer sur plus d’un point. Il a été impossible, depuis plusieurs années, de porter les régimens européens au complet des cadres : il s’en est toujours fallu de 2 ou 3,000 hommes et quelquefois davantage. En outre, depuis l’introduction dans l’armée