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La spéculation se préoccupe peu en ce moment de ces difficultés budgétaires qui s’imposeront un jour ou l’autre à son attention. Après avoir laissé pendant quelques jours le public se familiariser avec les cours ronds de 82 et de 100 francs, elle s’est remise en marche, prête à exploiter l’heureuse impression de la signature de la paix définitive avec la Chine, lorsqu’elle a été arrêtée dans son élan par la nouvelle de l’échec que le cabinet Gladstone venait de subir à la chambre des communes. Cet événement n’a pas causé au Stock-Exchange l’émotion à laquelle on pouvait s’attendre. Les Consolidés sont restés immobiles. Nos fonds publics en ont fait autant. Mais il ne pouvait plus être question de hausse jusqu’à ce que la crise ministérielle à Londres fût dénouée par le maintien de M. Gladstone au pouvoir ou par la formation d’un ministère conservateur.

Le parlement anglais a été avisé, dans la soirée du 12, que la reine avait accepté la démission du cabinet libéral. Il faut donc compter avec les conséquences que peut entraîner, au point de vue de la politique générale, et surtout des affaires étrangères de la Grande-Bretagne, l’avènement d’un ministère tory, au moment même où tant de questions graves allaient enfin recevoir leur solution. De là, pendant toute la dernière partie de la quinzaine, une stagnation complète des cours, un grand ralentissement dans les transactions. Le marché a été soutenu contre toute velléité de défaillance ; les vendeurs n’ont osé tenter aucun retour offensif. Le 3 pour 100 reste à 82.27, le 4 1/2 à 110.27, l’amortissable à 83.70. C’est encore une plus-value variant de 70 à 80 centimes sur les trois fonds depuis les derniers cours de compensation.

La tendance toujours aussi accentuée des petits capitaux à se porter sur les valeurs à revenu fixe et considérées comme de tout repos a provoqué depuis plusieurs semaines une nouvelle avance de prix sur les obligations de toutes catégories, et en première ligne sur celles du Crédit foncier et des grandes compagnies de chemins de fer. Ces derniers titres ont atteint de 385 à 390 francs et se rapprochent ainsi peu à peu de 400 francs. Les actions ont vu également leurs prix s’améliorer en dépit de la faiblesse persistante des résultats hebdomadaires du trafic. Le Lyon et l’Orléans n’ont pas dépassé les cours acquis dès le début de 1,250 et de 1,345, mais le Midi et le Nord ont gagné une quinzaine de francs à 1,190 et 1,675.

Les titres de la plupart des sociétés de crédit sont restés complètement étrangers au mouvement de reprise comme ils l’avaient été à celui de réaction. Il y a là tout un groupe de valeurs que les capitaux et la spéculation délaissent de concert, et qui ne pourront sortir de cet état de marasme que le jour où le réveil des affaires aura cessé d’être une vaine espérance, ce qui ne paraît pas encore prochain. Parmi les