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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 70.djvu/303

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spacieuses où l’on se réunissait pour manger et pour boire en écoutant l’aède chanter les aventures des héros ; il en allait de même de ces magasins où l’on gardait les provisions, les vêtemens et les armes, ainsi que de ces abris où couchaient les esclaves des deux sexes. Tout cet étage supérieur, dont il est question dans l’Odyssée, était bâti de la sorte. Les fouilles d’Hissarlik, que l’on y reconnaisse ou non le palais de Priam, ont prouvé que le bois entrait pour une part très considérable dans la construction des maisons ; on sait quelle énorme quantité de cendres et de charbons on a rencontrée sur l’emplacement de ce village fortifié, qui est peut-être la Troie d’Homère.

Par cet endroit, la civilisation, homérique est donc moins avancée que la civilisation mycénienne. Celle-ci suppose l’existence d’ouvrière spéciaux, dressés par une longue expérience et par une pratique héréditaire. Au contraire, autour d’Homère, on n’a pas encore une idée nette de la division du travail ; l’éducation professionnelle n’existe pas. Chaque homme, quand il est intelligent et adroit, sait tout faire de ses propres mains, ce qui prouve qu’aucun métier n’emploie encore de procédés sa vans et compliqués. Ulysse construit et meuble lui-même sa chambre nuptiale ; il fait, à cette fin, œuvre de maçon et de charpentier, voire d’ébéniste, car, après avoir poli le bois de la couchette, il « l’orne d’incrustations d’or, d’argent et d’ivoire. »

L’intérieur des habitations n’avait rien non plus qui rivalisât avec le luxe des édifices orientaux, tel que nous le révèlent les ruines des temples de l’Egypte et des palais de l’Assyrie. Dans les pièces principales des plus riches maisons, rien qu’un sol de terre battue. Les parois et les plafonds des chambres, les battans, les chambranles et quelquefois même le seuil des portes étaient faits de sapin, de chêne, de frêne ou d’olivier. Par le polissage et peut-être à l’aide d’un certain vernis, le menuisier savait donner aux faces apparentes des poutres et des planches un brisant que l’on admirait, comme le prouvent maintes épithètes qui sont à ce propos d’un usage courant. Ce qui assombrissait encore la couleur de toutes ces boiseries, c’était la fumée du foyer, celle des graisses qui, lorsque rôtissait la viande, coulaient en grésillant sur les charbons ardens, celle enfin des éclats de bois résineux que l’on allumait, à la tombée de la nuit, sur un disque de métal, pour éclairer les appartemens.


Urit odoratam nocturna in lumina cedrum,


dit Virgile, d’après Homère, en parlant de Circé. Partout se déposait cette suie, qui, dans la maison d’Ulysse, avait endommagé