et rassemblés par derrière en souples et riches torsades. Jusqu’alors, on avait préféré d’autres arrangemens, qui tous, plus ou moins, rappellent le goût oriental. C’est ce que l’on peut voir dans les plus anciens monumens de la sculpture, dans l’Apollon de Ténée et dans celui d’Orchomènes, dans les figures assises du temple des Branchides et sur les plus vieilles peintures de vases. Les statues viriles ont presque toujours le front entouré par des mèches frisées d’une régularité parfaite ; on croirait voir des coquilles rangées en file. Au-dessus et en arrière du crâne, la masse chevelue offre l’aspect d’une lourde perruque, où des sillons horizontaux et verticaux tracent en se coupant une sorte de treillis, figuration toute conventionnelle, mais dont le sens est facile à saisir. Les petites boucles que le fer avait formées dessinaient tout autour de la tête des séries horizontales qui se superposaient les unes aux autres comme autant d’étages ; en même temps, elles présentaient l’apparence de nombreux rouleaux qui partaient de l’occiput et qui rayonnaient dans tous les sens, de haut en bas. La complication de ces édifices capillaires rappelle les modes orientales. Ce qui rend ce rapport encore plus sensible, c’est que, dans certaines figures, la perruque s’élargit et se tient raide, à droite et à gauche des oreilles, de manière à encadrer le visage comme le fait en Égypte cette coiffure de toile empesée que les archéologues désignent sous le nom de klaft. Cette ressemblance n’a pas dû échapper aux anciens ; elle est peut-être pour beaucoup dans la tendance qu’ils manifestent à regarder comme imités de l’art égyptien les premiers ouvrages de la sculpture grecque.
C’était toute une affaire que de maintenir intacte, pendant un certain temps, la construction savante de cette frisure artificielle ; les cosmétiques, que l’on tirait surtout de la Phénicie, n’y auraient pas suffi. On employait des cordons, qui servaient à garantir l’équilibre et la forme de la masse ; mais il fallait quelque chose de plus pour empêcher les boucles de se déplacer et de s’aplatir, les tresses de se dénouer. Ce secours, on l’avait trouvé dans un instrument, dont les fouilles récentes ont permis de constater la présence sur différens points du monde antique. Aussi bien en Boétie et en Argolide qu’en Étrurie et en Sardaigne, dans de très anciennes tombes, on a recueilli des spirales d’or, d’argent et de bronze, où l’on avait d’abord voulu voir des pendans d’oreilles ; mais un examen plus attentif a bientôt démontré l’invraisemblance de cette conjecture ; ces spirales ne portent pas de crochet qui permit de les suspendre, et d’ailleurs on les a souvent ramassées en assez grand nombre auprès d’un seul squelette. Un vers de l’Iliade a mis sur la voie de la véritable explication. Le poète attribue au Troyen Euphorbe « des boucles qui étaient serrées dans l’or et dans