juez, a été salué à Madrid par les acclamations populaires, qui l’ont accompagné jusqu’au palais ; il a été l’objet d’une chaleureuse ovation à laquelle les chambres se sont associées.
Le voyage du roi était évidemment un acte tout spontané, qui n’avait rien de politique, qui a néanmoins suffi pour raviver la guerre des partis devant le parlement, pour rouvrir un duel d’éloquence qui s’est prolongé pendant plusieurs jours. Au demeurant, il est bien clair que le choléra n’est ici que qu’un prétexte, que la vraie question toute politique est la campagne passionnée, sérieuse, poursuivie par les partis libéraux, qui ont cru trouver dans les derniers incidens aussi bien que dans l’émotion publique une occasion favorable pour renverser le cabinet de M. Canovas del Castillo. La crise a été pour le moment détournée par la clôture récente des chambres ; mais est-il bien sûr qu’elle ne renaîtra pas à la première occasion ?
La liquidation de fin juin a trahi les espérances des spéculateurs qui,
pendant tout le mois, avaient prêché, à grand renfort de réclames
bruyantes insérées à la quatrième page des journaux, la hausse du
3 pour 100 et des valeurs de la compagnie de Suez. Non-seulement la
hausse annoncée ne s’est pas produite, mais les cours des rentes françaises
ont reculé sous le poids d’offres continues des petits portefeuilles.
L’écart s’était tendu entre les prix du comptant et ceux du
terme, et, comme il arrive dans les temps où les affaires en spéculation
sont peu actives, c’est le comptant qui a fait la loi.
Aussi, la liquidation s’est-elle faite en réaction sur les cours cotés vers le milieu du mois, bien qu’à un niveau légèrement supérieur à celui des cours de la dernière compensation. Sur le 3 pour 100 et l’amortissable, les acheteurs gagnaient encore 0 fr. 25 et 0 fr. 15 ; mais ils avaient compté sur bien d’autres bénéfices. Leur déconvenue s’est accusée très nettement par des réalisations assez précipitées, qui ont un moment fait supposer même quelques exécutions. Toutefois la fermeté du 4 1/2, dont la plus-value n’atteignait pas moins de 0 fr. 70, a