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LE
COMBAT CONTRE LA MISERE

II.[1]
LA PRÉVOYANCE ET LA MUTUALITÉ.

Il y a quelques années, un concours solennel fut ouvert par un financier célèbre auquel les préoccupations de sa brillante carrière n’avaient pas fait oublier son origine saint-simonienne ; et le but de ce concours était expliqué par lui en ces termes : « Justement ému des souffrances sans cesse plus vives des populations laborieuses et indigentes ; convaincu que la misère des masses est la cause directe et permanente de toutes nos révolutions, parce qu’elle résulte d’une mauvaise organisation et d’une application défectueuse des forces sociales ; persuadé que la civilisation moderne, transformée par la science, éclairée par la raison, enrichie par le crédit, vivifiée par la liberté, moralisée par l’égalité, sanctifiée par la fraternité, peut remédier à ce mal organique par de simples réformes pratiques et rationnelles, M. Isaac Pereire fait appel à tous les esprits sérieux et impartiaux et affecte à cette œuvre de hautes études sociales une somme de 100,000 francs qui sera divisée en quatre séries de prix correspondant aux quatre sujets mis au concours. »

L’un de ces quatre sujets était relatif à l’extinction du paupérisme[2]. Le jury institué par M. Pereire, qui comptait dans son sein des académiciens, des sénateurs, des députés, des journalistes, ne fut pas saisi sur ce sujet de moins de quatre cent quarante-trois mémoires, dont six lui parurent mériter un prix ou une mention

  1. Voyez la Revue du 15 mars.
  2. Les trois autres étaient relatifs à l’instruction publique, an crédit et aux impôts.