s’est élevé pendant ces deux années à 54, sur lesquels 29 contrats assuraient une rente de 300 francs ou au-dessous, 20 une rente de 301 à 600 francs et 5 une rente de 601 à 1,000 francs. Ces chiffres sont assurément très faibles. Mais cette constatation n’a rien qui doive étonner. En effet, les compagnies, pour ne point se trouver en perte, sont obligées de soumettre leurs assurés à un tarif calculé d’après des bases rationnelles. Or, pour la constitution de rentes ne dépassant pas le chiffre de 1,500, elles rencontrent une concurrence très effective, c’est celle de la caisse des retraites pour la vieillesse, créée par l’état en 1850. Dans la pensée de ses fondateurs, le bénéfice de cette caisse devait appartenir principalement aux classes populaires. Voyons le parti qu’elles ont su en tirer.
Si les opérations de la caisse d’assurance en cas d’accidens ne sont pas très actives, il n’en est pas de même de celles de la caisse des retraites. Assez lentes au début, dans la période de 1851 à 1861, ces opérations ont pris depuis lors un accroissement rapide que les malheurs de la guerre ont arrêté un instant, mais qui a repris de plus belle. Dans ces dernières années, le chiffre des versemens annuels s’est même élevé avec une rapidité qui a donné à réfléchir. De 467,000 (chiffre rond) en 1879, ce chiffre s’est élevé à 571,000 en 1882, soit en trois ans une progression de 104,000 dans le nombre des versemens ; et le chiffre annuel des sommes versées a passé, pendant cette même période, de 24 millions à 68 millions, c’est-à-dire qu’il a presque triplé. L’année 1882 n’a présenté qu’une légère augmentation dans le nombre des versemens (575,000 au lieu de 571,000) et une diminution dans le chiffre des sommes versées (56 millions au lieu de 68 millions). Mais si l’on totalise le chiffre des déposans depuis l’origine de la caisse et celui des sommes versées, on arrive à 8,515,429 d’un côté et à 588,800,040 de l’autre. Certes, ce sont là de beaux chiffres, et l’institution paraît avoir pleinement réussi. Cherchons cependant comment se décompose sa nombreuse clientèle et les causes de cette augmentation rapide.
La clientèle de la caisse des retraites pour la vieillesse comprend deux catégories bien distinctes : ceux qui versent par intermédiaires et ceux qui versent directement. Ceux qui versent par intermédiaires sont ou bien des membres des sociétés de secours mutuels, ces sociétés étant autorisées à verser à la caisse des retraites les capitaux dont les intérêts sont destinés à assurer des pensions de retraites à quelques-uns de leurs membres, ou bien (et c’est de beaucoup le plus grand nombre) les employés de tout rang d’une grande quantité de sociétés industrielles ou financières (compagnies de chemins de fer, sociétés minières, etc.) sur les appointemens desquels ces sociétés exercent des retenues annuelles qu’elles placent en leur nom, sauf à parfaire par une contribution plus ou moins