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CYPRIEN
EVÊQUE DE CARTHAGE

I.
LA PERSÉCUTION. — CYPRIEN ET LES SCHISMATIQUES. — CYPRIEN ET ROME.

Ce qui paraît varier le moins dans le monde, c’est une religion. On parle, en ce moment même, de nommer un évêque de Carthage ; cet évêque, quand il prendra le gouvernement de son église, pourra croire qu’il est ce qu’a été Cyprien. Comme lui, il sera entouré de ses prexbyteri, de ses diacres, de ses sous-diacres, d’un clergé sur lequel il exercera une autorité suprême ; il portera à peu près les mêmes habits, il aura aussi un siège d’honneur ; il fera comme lui les offices du culte en langue latine ; il aura des prières pour les mêmes heures, de prime, de tierce, de sexte, de none ; en célébrant le sacrifice, le même que célébrait Cyprien, il dira, comme celui-ci faisait au me siècle : Sursum corda ! et on répondra comme alors : Habemus ad Dominum[1] ; il prêchera le même Dieu, le même Christ, le même Évangile ; rien, ce semble, n’aura changé en seize cents ans. Et cependant, en réalité, tout change ; la discipline, le culte, les croyances même, l’état intérieur de l’église, ses

  1. Cyprien, Da Oratione dominica, 31.