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EN DEÇA ET AU DELA DU DANUBE

VI.[1]
DE BELGRADE A SOPHIA. — LA BULGARIE ACTUELLE.

Pour mieux étudier les conditions économiques, je me décidai à me rendre à Constantinople par la voie de terre, en traversant la péninsule balkanique diagonalement, d’un bout à l’autre. Le chemin de fer de Belgrade à Nisch, qui a été inauguré depuis, n’était pas encore terminé, mais mon voyage tut singulièrement facilité par la gracieuseté du gouvernement serbe, qui voulut bien mettre à ma disposition une voiture de poste, en me donnant pour guide et interprète un jeune Français, M. Vavasseur, qui, étant venu combattre comme volontaire dans la guerre de l’indépendance, avait épousé une jeune fille serbe et était attaché ici au ministère des affaires étrangères- Nous partons pour Smederevo (Semendria) par un temps splendide. Les étés sont secs et chauds dans toute l’Europe orientale ; saut en cas d’orage, il ne pleut guère. En sortant de Belgrade, je suis surpris de voir la terre si mal cultivée. Point de villas, nulle culture maraîchère, l’aspect d’une lande déserte. Les légumes qu’on consomme à Belgrade sont cultivés par les bulgares, de l’autre côté de la Save, et apportés chaque matin de Semlin ; ils coûtent très cher. On gagnerait gros à établir, près de Belgrade, des laiteries

  1. Voyez la Revue du 15 juin, du 1er août, du 15 septembre et du 15 octobre.