Espagnols et les Italiens passèrent tout au fil de l’épie et livrèrent la ville aux flammes.
Farnèse était désormais maître du Rhin jusqu’à Cologne et de la Meuse jusqu’à Brave ; il secourut Zatphen et permit à cette place de résister aux efforts des Anglais et des Hollandais. Ses ennemis commençaient à se diviser : les anglais étaient, malgré les hauts faits de quelques-uns d’entre eux, dénoncés par les Hollandais comme des traîtres. La politique d’Élisabeth était énigmatique : en faisant tomber la tête de Marie Stuart, elle semblait vouloir provoquer toutes les colères de Philippe II ; mais, toujours bizarre et artificieuse, elle irritait en même temps les états-généraux et tournaitt le dos aux protestans français ; bien plus, elle affectait de traiter Farnèse comme un ami et entretenait une correspondance amicale avec le roi d’Espagne. Elle voulait sincèrement la paix ; pour Farnèse et son maître, leurs protestations couvraient des desseins hostiles bien arrêtés. La comédie des négociations continuait pendant qu’on faisait des préparatifs contre l’Angleterre à Cadix, à Lisbonne, comme à Gand et à Anvers. On ne voulait à Londres voir dans le prince de Parme qu’un soldat chevaleresque, mais il y avait un diplomate des plus fins dans le grand capitaine : la reine croyait ou feignait de croire à son amour de la paix, dont elle recevait sans cesse la chaleureuse expression. Oubliait-elle que, derrière Parme, était toujours Philippe ? que la volonté du roi d’Espagne était aussi obéie à Bruxelles qu’à Madrid ? que seul, il tenait tous les fils de la politique espagnole au fond de sa chambre, et que le duc de Parme, si grand qu’il fût, n’était que son obéissant serviteur ? Personne mieux que lui ne savait garder un secret : ce secret d’ailleurs, il l’avait demandé au début. Tout le monde, le pape lui-même, resta dans l’ignorance des vrais desseins de Philippe.
Farnèse se contentait de se plaindre de l’exiguïté des moyens qu’on mettait à sa disposition : il continuait la guerre, il faisait des sièges, il montrait les obstacles, il demandait sans cesse de l’argent et des troupes. Le roi d’Espagne était pressé ; il s’était dit d’abord que l’Angleterre serait conquise pendant l’automne de 1587 et mis dans l’esprit qu’elle pouvait l’être avant l’arrivée de Santa-Cruz et de l’Armada espagnole. « Vous êtes prêt, » écrivait-il à Farnèse, quand celui-ci disait que rien n’était prêt, L’automne avançait ; le 4 novembre, il écrit à Farnèse : « Si vous croyez pouvoir passer en Angleterre avant qu’arrive la flotte anglaise, passez tout de suite. Vous pouvez tenir pour certain que je ne serai pas long à vous secourir. Mais si vous aimez mieux attendre, attendez. » Au commencement de décembre, Le roi écrivait à Mendoza, son envoyé à Paris : « Leduc est probablement en ce moment en Angleterre. » Il se trompait :