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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 octobre.

Maintenant que tout est fini et qu’au premier scrutin du commencement du mois est venu s’ajouter le dernier scrutin du 18 complétant et couronnant les élections françaises, il reste à savoir ce qui sortira de ce mouvement d’opinion aussi instructif qu’imprévu. — Quelle sera l’influence de la grande et récente consultation populaire sur la direction des affaires de la France ? Comment s’organiseront et se conduiront les partis qui vont, se retrouver en présence dans des proportions sensiblement différentes ? Quel esprit, quels projets, quelles intentions vont-ils porter dans le nouveau parlement qui se réunira d’ici à peu ? Que feront-ils tous, et cette majorité républicaine qui revient aussi effarée de ses mécomptes qu’embarrassée de ses incohérences, et cette minorité conservatrice si soudainement fortifiée, et ce ministère qui a perdu quelques-uns de ses membres à la bataille, qui n’a retrouvé les autres qu’au second scrutin ? Où prendra-t-on son orientation, comme on dit aujourd’hui ? Voilà les questions qui se pressent et se succèdent depuis quelques jours, qui s’agitent de toutes parts dans une assez bizarre confusion, et naturellement, dans tous les camps, chacun a sa manière de résoudre ces questions, d’expliquer les incidens d’une lutte fertile en surprises, d’interpréter à son avantage l’opinion du pays. Chacun a sa consultation, ses commentaires, ses pronostics ; on finit presque par ne plus se reconnaître dans ce tourbillon d’interprétations et de divagations. Le fait est cependant qu’avec un peu de bonne volonté, avec quelque impartialité et quelque sang-froid, il n’y a rien de plus facile que de démêler le sens, le caractère