Europe, et, avant tout, au premier rang, il y a celles qui intéressent toutes les nations, tous les gouvernemens, qui tiennent à de vieilles luttes d’influences, à de vieux antagonismes toujours prêts à renaître. On aurait beau se faire illusion, la crise qui a éclaté, il y a deux mois, dans les Balkans par la révolution de Roumélie, et qui pourrait si aisément devenir la crise de l’Orient tout entier, cette crise n’a nullement l’air de s’apaiser ; elle semble, au contraire, se compliquer et s’aggraver tous les jours, et par l’attitude de ces jeunes états orientaux qui ont pris feu au signal de l’insurrection bulgare et par le conflit croissans de toutes les politiques appelées à délibérer dans une conférence à Constantinople. On a laissé malheureusement la question se développer et devenir peut-être inextricable. La Turquie, soit prudence, soit impuissance, n’a pas voulu ou n’a pas pu intervenir sur-le-champ pour arrêter le mouvement rouméliote. Les cabinets de l’Europe, tout en protestant, en faveur des droits de la force, contre la révolution bulgare, tout en témoignant la volonté de maintenir l’autorité des arrangemens de Berlin, ont passé quelques semaines à s’observer ou à négocier, à paraître chercher des combinaisons. On a laissé le champ libre aux incidens et aux passions. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’Europe ; il est vrai, a fini par se rendre à la conférence de Constantinople ; elle y est allée en prenant officiellement pour programme le maintien des dispositions du traité de Berlin qui règlent l’état des Balkans. On a, si l’on veut, gagné ainsi un peu de temps en contenant les impatiences déchaînées par la révolution de Philippopoli, en obligeant, autant que possible, la Serbie, la Grèce à attendre tout au moins les décisions de la conférence. On a obtenu une sorte de trêve apparente ; mais ce temps qu’on a cru gagner n’a été peut-être, en définitive, que du temps perdu pour la paix, pour une solution réelle, et pendant qu’on se préparait à délibérer, la crise n’a pas moins suivi son cours. La situation, au lieu de s’éclaircir et de se simplifier, n’a fait que s’obscurcir et s’envenimer de toute façon, au point qu’il serait peut-être assez difficile maintenant de savoir comment pourra se dénouer ce nouvel imbroglio oriental.
D’un côté, tout s’est visiblement aggravé sur le théâtre même de ces agitations nouvelles. Les Bulgares, en dépit des remontrances officielles qu’ils ont essayées et des rivalités dangereuses qu’ils ont rencontrées autour d’eux, n’ont pas renoncé à l’unification qu’ils ont entreprise sous la direction du prince Alexandre de Battenberg ; ils poursuivent, au contraire, leur œuvre fiévreusement, en se hâtant autant que possible de réaliser la fusion militaire, administrative, financière des deux provinces ou principautés avec lesquelles ils prétendent former un nouvel état, Ils affirment chaque jour de plus en plus leur résolution de maintenir l’union comme un fait accompli et