monarchie, ils ne fonderaient sûrement pas un ordre nouveau comme ils s’en flattent dans leurs illusions ; ils ne pourraient que ramener l’Espagne aux effroyables crises où elle a failli se dissoudre il y a douze ans, et le plus inévitable résultat de leurs tentatives serait de donner une force nouvelle au carlisme, qui profiterait et des malheurs qu’aurait déchaînés la république et de la disparition de ce qui reste de monarchie constitutionnelle au-delà des Pyrénées. Que des républicains sectaires ne le voient pas, c’est leur éternelle faiblesse. Les républicains plus réfléchis et plus prévoyans qui existent sans doute au-delà des Pyrénées sont faits pour être sensibles à ce danger, et ce n’est pas dans tous les cas la France, même la France républicaine, qui pourrait appeler de ses vœux une révolution aussi embarrassante pour elle qu’elle serait redoutable pour l’Espagne.
CH. DE MAZADE,
La seconde quinzaine de novembre a vu se produire coup sur coup des événemens qui, en d’autres temps, auraient provoqué sur les marchés financiers les mouvemens les plus violens, et déterminé une baisse considérable. Il n’en a été ainsi cette fois que pour les valeurs espagnoles, fortement ébranlées par la mort du roi Alphonse. Mais les autres fonds étrangers et les rentes françaises n’ont pas été plus émus de cette catastrophe que de l’explosion de la guerre entre les Serbes et les bulgares, du singulier revirement de fortune qui a fait du prince Alexandre le vainqueur du roi Milan, de l’attitude belliqueuse de la Grèce, de la situation délicate où se trouve placée l’Autriche, enfin du conflit qui a éclaté chez nous entre le cabinet Brisson et la commission des crédits du Tonkin.
Non-seulement aucun de ces incidens n’a pu être une cause de baisse sérieuse sur nos rentes, mais aussitôt qu’au dehors il a été question de conclure un armistice, et qu’au dedans le ministère a paru moins menacé qu’on ne l’avait cru d’abord, la spéculation haussière a commencé à vouloir user de tous ses avantages pour obtenir du découvert un aveu public d’impuissance et de soumission.