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A la suite de ces divers préludes, l’observateur qui se trouve convenablement placé entend un sifflement comme celui que produisent les projectiles des armes à feu, boulets et bombes. En Chine on l’a comparé, d’après Abel de Rémusat, au bruissement des ailes des oies sauvages ou encore à celui d’une étoffe qu’on déchire. Il est dû au passage dans l’air et à l’arrivée sur le sol d’une ou de plusieurs masses solides.

La configuration extérieure des météorites est avant tout remarquable par un aspect fragmentaire, c’est-à-dire par des formes anguleuses et une ressemblance constante avec des polyèdres irréguliers, dont les arêtes auraient été émoussées.

Le nombre des pierres d’une même chute est extrêmement variable : souvent on en a ramassé une seule ; quelquefois plusieurs, et, dans certains cas, des centaines et des milliers. La chute qui eut lieu en Hongrie, près de Knyahinya, le 9 juin 1866, en a fourni environ mille, et celle de L’Aigle trois mille. Le 30 janvier 1868, il est tombé aux environs de Pultusk, en Pologne, une grêle de pierres encore plus nombreuses : neuf cents d’entre elles ont été communiquées au Muséum. Il y a donc comme des essaims ou averses de météorites. Au moment où ces pierres nous arrivent, elles n’ont plus qu’une faible vitesse comparativement à celle que possédait, antérieurement à son explosion, le bolide dont elles ne sont sans doute que des débris. Quand elles sont volumineuses, elles peuvent s’enfouir de quelques décimètres dans un sol peu résistant et y rester inaperçues.

Après des préliminaires aussi intenses de lumière et de bruit, ce n’est pas sans étonnement que l’on constate la petitesse des masses retrouvées sur le sol. Parmi les plus lourdes, signalons le fer météorique de Charcas, au Mexique, du poids de 780 kilogrammes. Les blocs de fer trouvés au Brésil, à Sainte-Catherine, en 1875, en atteignaient 25,000 ; c’est le chiffre maximum connu. Pour les pierres proprement dites, celles de plus de 800 kilogrammes, comme il en est tombé une à New Concord, le 1er mai 1860, sont une rare exception, et le poids de 50 kilogrammes n’a pas été souvent dépassé. Aucun des échantillons de l’abondante chute de L’Aigle n’excédait neuf kilogrammes : parmi les milliers recueillis à Pultusk, le plus lourd était de ce poids, quoique le total ait été évalué à 600 kilogrammes. Il est des météorites entières qui sont seulement de plusieurs grammes, c’est-à-dire qu’elles ont le volume d’un œuf de poule, d’une noix ou même d’une noisette. Grâce à l’existence d’une couche de neige, on en a observé de plus petites encore, le 1er janvier 1869, en Suède, à Hessle près d’Upsal : beaucoup ne pesaient que quelques décigrammes et l’une descendait à six centigrammes. Ces petits grains, il importe de le remarquer, n’étaient pas des