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météorites sont originaires, et quelles sortes de routes elles y suivaient avant que l’action de la gravité les eut fait tout à coup tomber sur la terre. Elles ont été autrefois considérées comme émanant de l’astre le plus rapproché de nous et comme des produits rejetés par de prétendus volcans de la lune encore en activité. Dans cette hypothèse, il faut admettre qu’elles seraient lancées par l’éruption avec une vitesse assez grande pour dépasser le point neutre, c’est-à-dire le point où un corps se trouverait également attiré par notre satellite et par la terre. Le calcul montre que cette vitesse devrait être au moins égale à 2,270 mètres par seconde, ou environ cinq fois celle d’un boulet de canon ; si elle était moindre, la masse retomberait sur la lune. One autre supposition mérite plus de crédit. Outre les planètes comprises en très grand nombre entre Mars et Jupiter il paraît y avoir, comme l’avait déjà supposé Chladni, une multitude de petits corps ou astéroïdes, dont les orbites s’enchevêtreraient entre elles et avec celles des grosses planètes, de manière à rencontrer de temps à autre ces dernières. Ces astéroïdes, trop peu volumineux pour être visibles dans les espaces interplanétaires nous resteraient à jamais inconnus sans leurs invasions dans notre atmosphère. Ils semblent être des débris si comme la monnaie d’une seule et même planète, qui aurait été rompue, peut-être par une explosion. Rien d’ailleurs, depuis que les belles recherches de M. Schiaparelli ont rattaché à des comètes les essaims périodiques d’étoiles filantes, ne permet d’assurer que les météorites ne viennent pas de parties du ciel encore plus éloignées et situées en dehors de notre système solaire.

Les étoiles filantes nous arrivent par millions à des époques périodiques, et l’on évalue à plusieurs milliards le nombre de celles qui se dirigent vers notre globe dans une seule année. Elles ont une certaine ressemblance avec les météorites par la soudaineté de leur chute dans notre atmosphère et l’excessive rapidité de leur mouvement mais elles en différent parmi caractère important. Les habitans du Midi de la France et de l’Algérie ont pu contempler, le 27 novembre dernier, de cinq heures à onze heures du soir, dans un ciel serein une averse particulièrement abondante, nouvelle apparition des essaims constatés treize années auparavant, jour pour jour, le 27 novembre 1872 ; le phénomène est dû, selon toute probabilité, à la rencontre de la terre avec un courant de substances qui proviennent de la comète périodique de Biéla et continuent à suivre dans l’espace une route régulière. Cependant une telle invasion de corps cosmiques n’a amené la chute d’aucune météorite à la surface au sol les étoiles filantes participent à la nature des comètes, démembrées et comme égrenées par des actions perturbatrices, tandis