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intervertissant ainsi les mies qu’on a pu aborder expérimentalement le problème.

Les grains de poudre de gros calibre qui tombent souvent de la bouche du canon au moment de l’explosion, et s’éteignent aussitôt qu’ils arrivent à l’air, offrent une surface profondément creusée sous forme de cupules, ressemblant tout à fait à celles des météorites. Dans le tir des pièces d’artillerie, le cylindre d’acier qui sert de canal de mise à feu, lorsqu’il s’y produit des fuites de gaz, subit aussi des excavations qui s’approfondissent rapidement. Comme celles des grains de poudre, elles sont dues à l’action érosive des gaz qui tourbillonnent rapidement, tout en exerçant une forte pression. A l’aide de la dynamite, on obtient sur des pièces de fer, d’acier ou de fonte, des cupules encore bien plus caractérisées, et alors l’action est instantanée, de même que dans le cas des bolides. Les surfaces sphéroïdales qui s’entrecoupent et sont l’empreinte des mouvemens giratoires des gaz rappellent exactement les cupules des météorites. Il y a en effet analogie dans les causes. Lorsque les bolides entrent dans l’atmosphère, animés de leur énorme vitesse, l’avant de ces projectiles refoule l’air, qui, en tourbillonnant sous de telles pressions, pratique un taraudage semblable. Cette action mécanique est, d’ailleurs, accompagnée et renforcée d’une action chimique due à la nature combustible du fer, à ces hautes températures. Les cupules ou piésoglytes, c’est-à-dire gravées par la pression, sont donc le stigmate caractéristique et durable des tourbillons gazeux qui les ont engendrées : ceux-ci se sont gravés eux-mêmes et en quelque sorte enregistrés, à la manière de ce qu’on réalise dans plusieurs expériences démonstratives de physique et de mécanique.

Quoique les cupules se creusent seulement sur la face qui est exposée à la pression directe des gaz, les météorites en présentent sur plusieurs de leurs parties, et souvent même sur leur surface entière. Cela provient de ce que l’astéroïde, dans sa translation à travers l’air, était nécessairement animé d’un mouvement de rotation, ainsi qu’il arrive à tous les projectiles de forme irrégulière ; il a donc mis successivement en avant, c’est-à-dire présenté comme une proue diverses parties de lui-même, qui ont ainsi été poinçonnées plus ou moins complètement par le choc de l’air.


IV

À ces phénomènes mécaniques des bolides se rattache l’arrivée de poussières de provenance céleste.

Avant tout, il faut bien faire la part des poussières ordinaires et tout à fait prédominantes, d’origine terrestre. Les sables, les