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septentrionale des États-Unis reçurent une pluie noire, accompagnée d’un obscurcissement extraordinaire du ciel ; des lueurs des plus brillâmes paraissaient ça et là et des détonations comparables à celles de pièces d’artillerie se faisaient entendre. On crut d’abord à l’incendie d’une forêt voisine, coïncidant avec un violent orage. Mais l’ensemble des faits et l’examen de la matière ont appris que ces phénoomènes étaient dus à l’arrivée dans l’atmosphère de corps étrangers à notre globe. Au reste, les petites météorites, d’un poids de quelques grammes ou quelques décigrammes seulement, recueillies lors de la chute de Hessle, établissent une liaison avec les poussières proprement dites.

D’après ce qui vient d’être exposé, il convient d’être très attentif à la chute des substances pulvérulentes que l’on peut supposer être d’origine cosmique. Ainsi il serait intéressant, à la suite des explosions des bolides, de rechercher dans l’air celles qui peuvent y exister, à l’aide de tous les procédés dont on dispose aujourd’hui : puis de les examiner, notamment au point de vue de la présence du nickel. C’est ce qu’ont tenté en Angleterre M. Phipson dès 1867, en Suède et sur les bords de la mer Glaciale M. Nordenskiöld et en France M. Gaston Tissandier.

On ne peut douter que les étoiles filantes, quelle que soit leur ténuité, ne nous apportent aussi des substances pondérables très divisées. L’examen de ces astéroïdes, à l’aide du spectroscope, y a fait reconnaître la présence du sodium, que M. Alexandre Herschel y avait signalé déjà dans l’averse du 10 août 1866, et, en outre, celle du magnésium, du carbone et d’autres corps. Le fait, en outre est confirmé par la formation, lors de la pluie extraordinaire du 27 novembre dernier, d’une couche de vapeurs qui ne laissait voir que les étoiles des trois premières grandeurs et se dissipa à la suite du phénomène lui-même.

Les espaces ne nous envoient-ils pas d’autres corps étrangers que des fragmens de roches et des poussières solides ? Est-il impossible que notre système solaire, dans son immense parcours, et notre globe en particulier, reçoivent des matières de nature moins grossière, des substances gazeuses et invisibles ? C’est une question à laquelle l’observation ne peut répondre encore.


V

Les ressemblances les plus intéressantes et même des identités se révèlent parfois entre les météorites et certaines roches profondes de notre planète ; mais avant de les signaler, quelques explications préalables sont nécessaires.

Le globe terrestre a passé par bien des évolutions avant