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ses soins, tiennent les associés au courant des vicissitudes de l'œuvre[1].

A Fiji, en dehors des catholiques, il n’y a que des missionnaires wesleyens. Il n’en est pas ainsi dans les autres archipels de l’Océanie, où l’apostolat est exercé par des missionnaires des différentes confessions protestantes, surtout par des congrégationalistes et des ministres presbytériens. A l’île de Norfolk, l’évêque anglican dirige une œuvre importante qui embrasse aussi certaines portions des îles mélanésiennes.

Dans mes pérégrinations en pays païens, j’ai souvent entendu émettre par des résidons protestans des doutes sur l’efficacité des efforts de leurs missionnaires. « Ont-ils réellement, demande-t-on, planté au sein de ces peuples, avec les germes d’une certaine civilisation, ceux de la foi chrétienne? En feront-ils jamais de vrais chrétiens? » À ce sujet, les avis se partagent. Mais, hâtons-nous d'ajouter que les mêmes incertitudes planent sur l’œuvre des pères catholiques, qui, avec certaines réserves auxquelles je reviendrai, sont les premiers à en convenir.

Pour arriver au même but, les organes de l’église catholique et les disciples de Wesley, comme en général les missionnaires protestans, suivent des routes diverses, je dirai même opposées.

Le missionnaire protestant enseigne au sauvage les dogmes et préceptes de la religion chrétienne, le place sous la surveillance d'un instructeur indigène, lui fait apprendre un métier qui lui fournira les moyens de satisfaire aux besoins, nouveaux pour lui, du monde civilisé et chrétien dont il fera désormais partie.

Le missionnaire catholique commence par agir sur les cœurs ; et, s’il le peut, par retourner les volontés. Il tâche de faire entrer d'abord le païen dans le giron de l’église, et ensuite dans le giron de la civilisation. A cet effet, si les circonstances le permettent, il isole ses ouailles. Il considère le contact avec les païens et avec les

  1. Dans l’archipel des Fiji, les wesleyens ou méthodistes comptent 906 églises, 11 ministres européens ou australiens, 51 ministres indigènes, placés par groupes de 8 à 12, sous la direction d’un ministre blanc; 63 catéchistes, 1,080 instructeurs (teachers), 2,254 maîtres d’école. Les catéchistes, les teachers et les maîtres d’école sont tous des indigènes. De tous les wesleyens blancs, anglais et australiens qui résident dans les îles de Fiji, 29 seulement approchent de la table du Seigneur. Le nombre des communions indigènes est de 26,000. Dans ce chiffre ne sont pas compris les catéchumènes, dont je ne trouve pas le chiffre noté, mais qui est très considérable. Les missionnaires, protestans et catholiques, ne conférant le baptême qu'au bout d’un certain temps et après avoir acquis certaines garanties morales au sujet des dispositions du nouveau converti.
    A Fiji, le révérend Langham, de Mbao, non comme chef (il n’y en a pas), mais grâce à son autorité personnelle et ses longs services, occupe la première place parmi les missionnaires. Le missionnaire méthodiste doit être marié, et s’il a perdu sa première épouse, se remarier à bref délai.