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LA GRÈCE
DEPUIS
LE CONGRÈS DE BERLIN

La Grèce arme, s’écrient les diplomates avec un feint étonnement et une irritation mal dissimulée. Au moins la diplomatie européenne ne peut reprocher à la Grèce d’avoir été la première en Orient à mobiliser ses contingens ; et si, un certain jour, les troupes grecques entrent en Epire ou en Macédoine, il faudra cependant reconnaître que ce n’est pas la Grèce qui aura donné à la Bulgarie et à la Serbie l’exemple de la turbulence. Mais qui n’aurait un faible pour les Serbes et un tendre pour les Bulgares ? À l’égard des Hellènes, tout autre est le sentiment. On ne saurait passer pour un diplomate sérieux qu’en se montrant sévère aux Grecs. Depuis le congrès de Vienne, c’est de tradition dans la carrière. La révolution de Philippopoli semble aujourd’hui absolument justifiée par l’issue des batailles de Slivnitza et de Pirot, et après avoir applaudi aux premières victoires des Serbes, qui se faisaient, disait-on, les gendarmes de l’Orient et facilitaient l’œuvre de la conférence, on est tout disposé aujourd’hui à leur tenir compte de leurs défaites. Aux Serbes vainqueurs on eût très certainement laissé le district de Trune ; les Serbes vaincus, il est impossible que l’Autriche permette à la Bulgarie de s’annexer le district de Nisch. — De là, l’armistice imposé au prince Alexandre, et la prochaine conférence européenne. — Heureux Bulgares ! qui, réunis aux Rouméliotes,